Chine : la colère contre la politique « zéro Covid » attisée par un incendie dans une ville ouïghoure

BEIJING, CHINA - NOVEMBER 27: Demonstrators light candles during a vigil to mourn the victims of the Urumqi fire in Beijing, China, on Sunday, November 27, 2022. (Photo by Stringer/Anadolu Agency via Getty Images)
Anadolu Agency / Anadolu Agency via Getty Images BEIJING, CHINA - NOVEMBER 27: Demonstrators light candles during a vigil to mourn the victims of the Urumqi fire in Beijing, China, on Sunday, November 27, 2022. (Photo by Stringer/Anadolu Agency via Getty Images)

CHINE - Une tentative d’éteindre les braises alors que la Chine commence à frémir. La province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, a allégé ce lundi 28 novembre plusieurs restrictions contre le Covid dans sa capitale, Urumqi, où un incendie meurtrier a catalysé la colère de nombre de Chinois et engendré une vague de manifestations dans le pays.

Cette tragédie, survenue jeudi 24 novembre et dans laquelle dix personnes ont trouvé la mort, aurait pu être évitée si les mesures anti-Covid en vigueur n’avaient pas entravé l’accès des pompiers, assurent de nombreux messages circulant sur les réseaux sociaux.

À ce propos, la Chine a reproché ce lundi à des « forces aux motivations cachées » d’avoir établi un lien entre les restrictions sanitaires et l’incendie. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhao Lijian, a ainsi estimé que « sur les réseaux sociaux, il y a des forces aux motivations cachées qui établissent un lien entre cet incendie et la réponse locale au Covid-19 ».

Les Ouïghoures du Xinjiang encore plus contrôlés que le reste de la Chine ?

Une ligne de défense qui ne convainc pas, et qui peine à résister à l’épreuve des faits. D’une part, des voitures et des poteaux au sol bloquaient le passage des pompiers, ont admis des responsables de la ville. D’autre part, « le scénario selon lequel des habitants qui auraient été bloqués dans leurs appartements ou leur immeuble est cohérent avec la manière dont les confinements ont été mis en place dans de nombreuses régions du pays », souligne le New York Times, relayé par Courrier International.

Le média américain précise d’ailleurs que « les barricades de fortune et le verrouillage des portes sont devenus un élément-clé des pratiques visant à empêcher de sortir les personnes susceptibles d’avoir été exposées au virus ». Il semblerait d’ailleurs que le niveau de restrictions semble encore plus élevé pour cette province. Une autre façon de réprimer le peuple ouïghour qui l’habite, selon le média japonais Nikkei Asia.

« Au Xinjiang, où vivent les Ouïgours et d’autres minorités principalement musulmanes [persécutées en Chine], la durée du confinement bat tous les records, sans que l’on puisse en entrevoir la fin ». Le média précise ainsi que les autorités ont « commencé à boucler Urumqi le 10 août », et qu’à ce jour les restrictions n’ont toujours pas pris fin. Du moins jusqu’à ce qu’elles soient assouplies ce lundi face à la vague de protestations.

Un « point d’ébullition » atteint

Dimanche, des heurts avaient opposé forces de l’ordre et manifestants, certains portant des fleurs ou des feuilles blanches comme symboles de la censure. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés. Près de la rivière Liangma, à Pékin, où plus de 400 jeunes Chinois s’étaient réunis dimanche soir pendant plusieurs heures aux cris notamment de « Nous sommes tous des habitants du Xinjiang », des voitures de police étaient garées et des agents patrouillaient le long du canal.

« Pékin en ce moment : la police est arrivée, mais les gens rassemblés pour pleurer les victimes de l’incendie du Xinjiang les entourent pacifiquement et chantent. »

Mais les manifestations ont fait également émerger des demandes pour plus de libertés politiques, voire pour le départ du président Xi Jinping, tout juste reconduit pour un troisième mandat inédit à la tête du pays.

« Les gens ont maintenant atteint un point d’ébullition car il n’y a pas de direction claire sur la voie à suivre pour mettre fin à la politique du zéro Covid », explique à l’AFP Alfred Wu Muluan, expert en politique chinoise à l’Université nationale de Singapour. « Le parti a sous-estimé la colère de la population », ajoute-t-il.

De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian, interrogé sur les manifestations du week-end, a déclaré lors d’un point presse, que sous « la direction du Parti communiste chinois et (avec) le soutien du peuple chinois, notre combat contre le Covid-19 sera une réussite ». Le signe que la politique chinoise en matière de gestion de la pandémie n’est probablement pas près d’évoluer.

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