Chasse : un week-end dramatique relance le débat sur l’interdiction

Ce week-end, un cueilleur de champignons a été grièvement blessé par un chasseur tandis qu'une mère et ses deux enfants ont été légèrement blessés aux jambes.

Quel avenir pour la chasse le week-end ? Le débat est une nouvelle fois relancé après deux accidents survenus dimanche, lors de parties de chasse. Le premier a eu lieu dans la Drôme, alors qu'un homme âgé de 62 ans cueillait des champignons. Il a été touché à l'abdomen et héliporté à Marseille, alors que son pronostic vital est engagé. L'auteur du tir accidentel serait le président de la société de chasse locale, décrit comme "un chasseur confirmé". Il a été placé en garde à vue.

Quelques heures plus tard, 200 km plus au nord, c'est une femme âgée de 33 ans et ses deux enfants qui ont été touchés par les tirs d’un chasseur alors qu'ils se promenaient dans les vignes. L’accident a eu lieu à Pommiers, dans le Rhône. Légèrement blessées aux jambes, les victimes ont été prises en charge par les pompiers et transportées à l’hôpital. Le chasseur mis en cause a expliqué aux gendarmes avoir été ébloui par le soleil, il a été laissé libre. Deux accidents qui remettent sur le devant de la scène un débat qui avait animé une partie de la campagne présidentielle : l'idée d'interdire la chasse certains jours.

Une pétition signée par plus de 130 000 personnes

La proposition avait été médiatisée en septembre 2021 dans une pétition du collectif "Un jour un chasseur", créée par des amies de Morgan Keane, 25 ans, tué dans son jardin en 2020 par un chasseur qui l'aurait confondu avec un sanglier. Signée par plus de 130 000 personnes, la pétition proposait 5 mesures phares dont l'interdiction de la chasse les mercredi et dimanche et un renforcement des mesures de sécurité autour de la chasse.

Suite à la pétition, le collectif est reçu au Sénat, qui ne retient que deux propositions dans son rapport publié en septembre dernier : l'obligation d'un certificat médical et un seuil d’alcoolémie maximal similaire à celui du code de la route. De simples propositions qui pourraient faire l'objet d'une proposition de loi.

"La nature ne peut pas être partagée avec des personnes possédant des armes létales"

"Ce qui est arrivé ce week-end, ce n'est pas isolé. Ça arrive souvent, partout en France. La nature ne peut pas être partagée avec des personnes possédant des armes létales. Il faut instaurer des temps sans chasse, il devient irresponsable de ne pas prendre cette mesure," déplore Mila Sanchez, cofondatrice du collectif.

Des jours sans chasse qui avaient notamment été proposés pendant la campagne présidentielle par Yannick Jadot, qui imaginait également garantir l'interdiction de la chasse durant les vacances scolaires, suite à un drame survenu en novembre 2021.

"On ne se promène plus comme avant"

"Ces drames traumatisent les victimes, mais aussi leurs proches. Depuis que Morgan est décédé, on ne se promène plus comme avant. C'est un coup extrêmement dur à chaque fois qu'on entend de tels drames, je sais ce que fait une balle de gros gibier qui traverser un humain", nous explique Mila Sanchez.

L'idée revient sur le devant de la scène, propulsée par plusieurs personnalités comme l'eurodéputée écologiste Karima Delli, le journaliste Hugo Clément ou l'ancienne présidente du Medef Laurence Parisot.

428 morts de la chasse en 22 ans

En un an, l'opinion a évolué. Selon un sondage Ipsos paru trois jours avant les derniers accidents de chasse, 87% des Français considèrent ainsi que la chasse pose des problèmes de sécurité, contre 84% en 2021. L’interdiction de chasser deux jours par semaine dont le dimanche et l’intégralité des vacances scolaires obtient également une majorité de soutien dans l'opinion publique : 81% sont pour, dont 51% des personnes interrogées qui se disent tout à fait pour.

Selon l'Office Français de la Biodiversité, la chasse aurait fait 428 morts entre 1999 et 2021. Pendant la saison 2020-2021, 80 accidents de chasse ont été recensés par l'Office français de la biodiversité, dont sept mortels.

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