Charles Sobhraj, le serial killer français qui a inspiré la série "Le serpent", veut poursuivre Netflix

Le tueur en série françaisi Charles Sobhraj consulte son smartphone à l'aéroport de Doha, où il est en transit, le 23 décembre 2022 au Qatar - Atish PATEL © 2019 AFP
Le tueur en série françaisi Charles Sobhraj consulte son smartphone à l'aéroport de Doha, où il est en transit, le 23 décembre 2022 au Qatar - Atish PATEL © 2019 AFP

"J'ai beaucoup de choses à faire. Je dois poursuivre de nombreuses personnes en justice", a déclaré Charles Sobhraj, surnommé "le Serpent", à l'AFP en arrivant à Paris ce samedi.

Après 20 ans derrière les barreaux au Népal, le tueur en série français a retrouvé l'Hexagone, et souhaite laver son nom. Celui qui se dit "innocent" compte notamment attaquer Netflix et la BBC pour la série Le Serpent, fiction sortie en 2021 inspirée de sa vie.

Franceinfo, qui révèle ce projet, cite l'avocate de Charles Sobhraj, Isabelle Coutant-Peyre:

"(Cette série) lui donne une réputation complètement falsifiée, où il n'y a que 30% de vérité", a-t-elle déclaré.

"Tout a été bâti sur de faux documents"

Soupçonné d'une vingtaine de meurtres dans les années 1970 en Asie, l'homme de 78 ans a passé les 20 dernières années dans une prison népalaise pour le meurtre de deux touristes nord-américains.

La Cour suprême du Népal a décidé sa remise en liberté mercredi en affirmant qu'il avait besoin d'une opération à cœur ouvert et que cette décision était conforme à une loi népalaise autorisant la libération des prisonniers alités ayant déjà purgé les trois quarts de leur peine. Elle avait alors ordonné qu'il soit expulsé dans les 15 jours vers la France.

Charles Sobhraj est arrivé à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, à Paris, à bord d'un avion en provenance de Doha (Qatar) et a été aussitôt pris en charge par la police, a constaté un journaliste de l'AFP qui voyageait avec lui. Dans l'avion qui le conduisait à Doha, où il est arrivé en transit vendredi soir, le septuagénaire a assuré au journaliste de l'AFP qu'il était "innocent" des crimes qui lui sont reprochés:

"Je suis innocent dans tous ces dossiers, OK ? (...) Tout a été bâti sur de faux documents", a-t-il affirmé.

Il compte, en outre, poursuivre l'État du Népal en justice: "Le juge, sans interroger le moindre témoin (...) et sans permettre à l'accusé de présenter le moindre argument, a écrit le verdict", a-t-il ajouté. "Les tribunaux du Népal, (...) tous les juges, étaient partiaux".

Faux négociant en pierres précieuses

"Il aura fallu plus de dix-neuf ans pour qu'il retrouve sa liberté et j'en suis très heureuse et très choquée", a commenté devant la presse Me Isabelle Coutant-Peyre, qui est venue le chercher à l'aéroport. "Il a été condamné injustement sur un dossier fabriqué avec des pièces falsifiées par la police népalaise. C'est un scandale, on le présente comme un tueur en série, ce qui est complètement faux".

Citoyen français de mère vietnamienne et de père indien, Charles Sobhraj a commencé à parcourir le monde au début des années 1970 et s'est retrouvé dans la capitale thaïlandaise, Bangkok.

Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il se liait d'amitié avec ses victimes, souvent des routards occidentaux sur la piste des hippies des années 1970, avant de les droguer, voler et assassiner.

"Il méprisait les routards, de pauvres jeunes drogués. Lui se voyait en héros criminel", confiait en 2021 à l'AFP la journaliste australienne Julie Clarke, qui l'a interviewé.

Surnommé le "tueur au bikini" en 1975 après la découverte du corps vêtu d'un seul bikini d'une Américaine sur une plage en Thaïlande, cet homme a été lié à plus de 20 meurtres.

Condamné pour deux meurtres

Arrêté en Inde en 1976, il a passé 21 ans en prison, période marquée par une brève évasion en 1986 après avoir drogué les gardiens. Il avait finalement été arrêté dans l'Etat indien du Goa.

Libéré en 1997, il s'est retiré à Paris mais a refait surface en 2003 au Népal, où il a été repéré à Katmandou et arrêté. L'année suivante, un tribunal l'a condamné à la prison à vie pour l'assassinat en 1975 de la touriste américaine Connie Jo Bronzich. Dix ans plus tard, il a aussi été reconnu coupable du meurtre du compagnon canadien de cette dernière.

Article original publié sur BFMTV.com