Le changement climatique aurait tué le plus grand singe du monde il y a 250.000 ans

Les changements climatiques ont tué le plus grand singe du monde il y a 250.000 ans
GARCIA /JOANNES-BOYAU (SOUTHERN CROSS UNIVERSITY) Les changements climatiques ont tué le plus grand singe du monde il y a 250.000 ans

ANIMAUX - Avec ses 3 mètres de hauteur et un poids 3 à 4 fois celui d’un humain, le gigantopithèque tient le record de singe le plus grand du monde. Si on savait déjà qu’il avait peuplé les grandes forêts de l’Asie sud orientale il y a 2 millions d’années, les raisons de sa disparition restaient jusqu’à présent un mystère. Mais ses dents nous ont donné la solution.

En étudiant la mandibule d’un specimen retrouvé en Chine, ces scientifiques ont en effet trouvé pourquoi cet animal, qui a fasciné des générations de paléontologues, n’a pas résisté. D’après leurs conclusions publiées dans la revue scientifique Nature, le géant n’aurait pas résisté aux changements de son environnement, il y a 700.000 ans, et cela n’avait rien d’évident.

Ainsi le gigantopithèque, de son vrai nom Gigantopithecus blacki, représentait un véritable casse-tête pour les experts. Il est l’un des rares primates asiatiques à avoir disparu dans les derniers 2,6 millions d’années, quand ses cousins, comme les orang-outans, s’en sont très bien sortis. En analysant les restes retrouvés dans 22 cavernes en Chine, les paléontologues ont pu reconstruire précisément la chronologie des événements qui ont mené à sa disparition.

Et selon les scientifiques, celle-ci remonterait il y a 295.000-215.000 ans, à cause d’un changement climatique très violent auquel l’animal n’aurait pas su s’adapter. Son habitat naturel était dévenu graduellement inhospitalier : les denses forêts habitées par le gigantopithèque avaient commencé à se raréfier il y a 700.000 années et elles s’étaient finalement transformées en savanes herbeuses.

Un régime bien trop strict

Ce changement de climat, c’est d’abord la fin de l’abondance, avec l’arrivée de saisons sèches régulières. Les plantes et les fruits, jusqu’ici facile à dénicher, sont alors devenus de moins en moins disponibles. Pour notre gigantopithèque, s’alimenter est alors une tâche très difficile. Et cela notamment à cause de son physique.

Alors que d’autres singes, comme l’orang-outan, ont su adapter leur alimentation aux produits disponibles, le gigantopithèque, trop lourd pour grimper les arbres ou pour chasser, se met à manger des aliments faciles à obtenir mais pas très nourrissants, comme de petites branches ou de l’écorce. Selon les experts, c’est cette alimentation si spécifique et brusquement appauvrie qui a coûté la vie au singe.

La découverte n’est pas qu’importante pour la paléontologue : il y a désormais consensus scientifique sur la 6e extinction de masse en cours dans le monde animale : 75 % espèces sont vouées à disparaître rapidement dans les siècles à venir, une conséquence des actions humaines et du changement climatique. Étudier les différentes réactions des espèces, notamment les primates, au stress environnemental se révèle ainsi un point clé pour comprendre ce qui pourrait arriver dans les siècles à venir.

Quant à notre géant disparu, il reste encore beaucoup de questions sans réponses sur sa physionomie. Si on a pu retrouver des dents et des mandibules de taille vraiment impressionnante, son squelette reste encore introuvable. À cause de l’absence de fossiles, reconstruire l’image du primate a été en effet très compliqué, mais il est en général représenté comme un énorme orang-outang. Un peu comme un King Kong des temps anciens.

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