"C'est très dangereux pour les enfants": la crise de l'eau s'intensifie à Mayotte, la rentrée scolaire perturbée

L'or bleu se fait rare à Mayotte. Ce département français situé dans l'océan Indien subit une sécheresse historique. Face à cette situation de crise, la préfecture a décidé d'ordonner le rationnement de l'eau potable en juin. La mesure a été renforcée: depuis ce lundi, la population n'a accès à la ressource plus qu'un jour sur trois.

"L'eau n'est plus potable", affirme au micro de BFMTV Joséphine Bourgoin, enseignante présente sur place.

Installée à Mayotte depuis un an, elle est obligée de faire du stock pour faire fonctionner ses toilettes. Quand elle veut boire de l'eau ou faire la vaisselle, Joséphine Bourgoin est obligée de la faire bouillir.

Un lycée fermé le jour de la rentrée

"J'ai attrapé une bactérie qui donne l'équivalent d'une énorme gastro. On est de plus en plus de personnes à Mayotte à choper ce type de bactéries", raconte-t-elle. "Ce qui est très dangereux, c'est pour les enfants".

Certains enfants ont d'ailleurs vu leur rentrée perturbée ce lundi: les 2600 élèves du lycée Younoussa Bamana ont été renvoyés chez eux.

"Le manque d'eau au lycée semble être lié à des travaux de raccordement au réseau d'eau de l'hôpital de Mamoudzou, suscitant des interrogations quant à la gestion de l'eau sur l'île, au grand mécontentement de la Fédération des conseils de parents d'élèves de Mayotte", rapportent nos confrères de la 1ère.

"Il faut tenir le coup jusqu'au mois de novembre"

Dans son communiqué, la préfecture expliquait pourtant fin août que "les mesures d’accompagnement mises en place depuis plusieurs mois doivent limiter l’impact des restrictions et assurer la continuité des activités essentielles".

"Les écoles et les établissements de santé sont raccordés à des chemins de l’eau, non soumis aux coupures", pouvait-on lire. "À défaut, ils sont équipés de cuves d’eau sanitaire. Des gourdes sont distribuées pour l’ensemble des élèves du département".

Ni le lycée Younoussa Bamana, ni la préfecture de Mayotte, ni le ministre des Outre-Mer n'ont communiqué après la diffusion du reportage, rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux, de nos confrères de la 1ère.

"Les élèves devraient se mettre en abaya, ils auraient sans doute l'attention du Gouvernement et des chaînes d'infos nationale", critique sur X, ex-Twitter, Alma Dufour, députée LFI. Il y a quelques jours déjà, les oppositions ont fustigé la gestion de la crise de l'eau par le gouvernement.

Les infrastructures de l'île, capables de produire 38.000 m³ d'eau au maximum, ne parviennent plus à subvenir aux besoins de sa population, d'environ 40.000 m³ par jour. Les deux réserves dont dépend l'approvisionnement en eau potable des habitants sont quasiment vides et la prochaine saison des pluies n'est attendue qu'en fin d'année.

Samedi, le ministre chargé des Outre-mer Philippe Vigier a annoncé des distributions de bouteilles d'eau et des aides aux entreprises. "Il faut tenir le coup jusqu'au mois de novembre", prévenait toutefois fin août Gilles Cantal, préfet chargé de mission "eau" auprès du préfet de Mayotte.

Article original publié sur BFMTV.com