"C'est lamentable": un académicien déplore l'interdiction de 62 mots jugés offensants au Scrabble

"C'est très dommageable", regrette Jean-Marie Rouart, membre de l'Académie française. Interrogé ce jeudi sur BFMTV, cet académicien déplore la décision de Mattel, la société éditrice du Scrabble, de bannir du jeu 62 mots jugés offensants.

"Je suis pour la liberté totale du langage", explique le romancier et essayiste. "Je crois que le langage, y compris les insultes, les injures, font partie de l'invention extraordinaire du peuple français. Il y a une richesse extraordinaire du langage."

Parmi les mots qui seront exclus du jeu: "travelo", "poufiasse", "boche", "tarlouze", ou encore "gogole". Principalement des insultes raciales ou homophobes. L'année dernière déjà, une consigne avait déjà été ajoutée dans le manuel du jeu précisant que "sont exclus tous les mots constituant une incitation à la haine et à la discrimination".

"Ces mots existent"

Mais pour Jean-Marie Rouart, cette décision de "purifier" le langage "pour des raisons morales" est "lamentable".

"Ces mots existent", argumente l'académicien.

"Il y aura toujours des équivalences d'insultes. Il ne faut pas confondre l'insulte et en même temps le racisme, le sexisme. Ce sont deux choses différentes. Il faut apprendre la tolérance mais ça ne s'apprend pas en éliminant des mots."

Un point de vue que ne partage pas Bertrand Perier, avocat et professeur d'éloquence. Pour ce spécialiste de l'art oratoire, "le Scrabble a un rôle dans l'évolution de la langue", a-t-il estimé sur BFMTV. "On peut avoir une langue peut-être plus inclusive et Mattel se sent probablement investie d'un rôle social pour faire avancer les pratiques de la langue qui ont aussi une influence sur le réel."

Article original publié sur BFMTV.com