Le CBD efficace contre les douleurs d’endométriose ? Ces femmes témoignent

Ces femmes souffrant d’endométriose rapportent une efficacité du CBD sur leurs douleurs.
Ces femmes souffrant d’endométriose rapportent une efficacité du CBD sur leurs douleurs.

FEMMES - Règles très douloureuses, douleurs pelviennes et abdominales, troubles digestifs et urinaires… Les femmes atteintes d’endométriose rencontrent souvent des difficultés à soulager leurs souffrances. Cette maladie inflammatoire et chronique provoque un développement de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, provoquant d’intenses douleurs, parfois handicapantes. Mais de nombreuses femmes qui en souffrent ont trouvé un nouveau moyen de les atténuer : le CBD.

Cette substance chimique, le cannabidiol, extraite des fleurs de cannabis mais qui ne contient pas de THC (interdit en France), est commercialisée depuis quelques années sous de multiples formes, comme des huiles, des tisanes ou des crèmes. « Il y a des milliers d’adeptes » sur le groupe Facebook qu’elle a créé consacré à l’endométriose, admet Véronique, qui a été diagnostiquée à 29 ans. « J’en suis moi-même une fervente consommatrice », nous glisse-t-elle.

Si on prête au CBD de nombreuses vertus thérapeutiques, la majorité d’entre elles « ne sont pas validées par la science », rappelle Nicolas Authier, médecin psychiatre et pharmacologue qui mène des recherches sur le cannabis médical et auteur de l’ouvrage Le petit livre du CBD, chez First éditions.

Ce qui n’empêche pas Véronique d’en consommer jusqu’à 25 gouttes par jour - ce qui correspond à une dose très forte. « Je prends de l’huile avec une concentration en CBD de 30 %. Je m’en sers au moment des règles et quelques jours avant. Mais j’alterne avec d’autres traitements, en grande majorité naturel, comme des huiles essentielles ou de l’acuponcture. Ainsi mon corps ne s’habitue pas à la substance », détaille la quadragénaire qui a averti ses médecins de sa prise de CBD. Tous ces traitements couplés à un régime alimentaire très strict lui ont changé la vie : « Mes douleurs se sont littéralement envolées. »

« Au moins, je peux bouger »

Laura, une auxiliaire de vie à domicile de 28 ans, a choisi une huile avec une concentration de 10 % pour atténuer ses douleurs liées à l’endométriose. « J’en prends 3 gouttes matin, midi et soir. Le CBD marche aussi bien qu’un médicament classique pour moi. C’est loin de régler le problème mais au moins, je peux bouger », admet celle qui décrit des « crampes, des brûlures et des coups de poignards au bas-ventre et au bas du dos, dans les fesses et les cuisses » pendant ses périodes de règles.

Sa médecin est également au courant de sa consommation de CBD. Cette dernière lui prescrit de puissants antalgiques pendant ses grosses crises. Ce qui permet à Laura d’éviter l’effet d’accoutumance : « J’arrête le CBD pendant une semaine dans le mois pour ne pas que le corps s’habitue. »

Même son de cloche pour Madeleine, une trentenaire de la région parisienne, qui alterne également le CBD avec des médicaments. Celle qui a testé « à peu près toutes les variantes » - huile, tisane, application locale - reconnaît que cette substance est « très efficace » contre certaines douleurs. « Ce n’est pas miraculeux. C’est comparable à un antidouleur de type 2 [tramadol, codéine, ndlr]. Mais c’est moins fort que la morphine », détaille-t-elle.

Des effets secondaires indésirables ? Madeleine n’en a pas remarqué, hormis que le CBD a tendance à la « détendre » et à l’aider à s’endormir. Mais les trois femmes s’accordent sur un gros point noir : le CBD coûte cher. « C’est un peu frustrant. Si je souhaitais en prendre tous les jours, ça me coûterait au minimum 250 euros par mois », estime Madeleine.

« On n’a pas le choix »

Cette prise de CBD ne doit pas se faire sans un accompagnement professionnel, rappelle le médecin Nicolas Authier. D’une part pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’effet indésirable, « le plus fréquent est d’ordre digestif ». Mais aussi afin de vérifier qu’il n’y ait pas d’interaction avec d’autres traitements : « Le CBD peut diminuer l’élimination d’autres médicaments au niveau du foie. Et il faut aussi savoir dire stop quand ça ne marche pas car ce sont des produits qui coûtent cher. »

« En tant que médecin, je ne peux pas conseiller le CBD pour les douleurs d’endométriose. Je dois me baser sur des faits scientifiques. Mais je ne dis pas aux patients d’arrêter », continue le médecin. « Les études n’ont pas montré pour l’instant que le CBD était un traitement efficace contre les douleurs en général. Pour l’endométriose, il n’y a quasiment pas de données. »

Alors pourquoi ce choix chez les patientes ? « La méconnaissance et la non-prise en compte de l’endométriose nous poussent à regarder les médecines alternatives », admet Véronique. « Quand on a rendez-vous chez le spécialiste dans trois semaines alors qu’on souffre depuis 4 jours, on préfère forcément la naturopathie. On n’a pas le choix, en fait », justifie-t-elle.

« Même si certaines utilisatrices rapportent un bénéfice, il n’est pas sûr que ces effets soient dus au CBD ou à un effet placébo », rappelle Nicolas Authier, qui ne se dit pas opposé à la consommation de CBD. « Mais à condition de ne pas prendre de risque », tempère-t-il.

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