Castration des pédocriminels à Madagascar : qu’en est-il de la France ?

La Haute Cour constitutionnelle (HCC) malgache a validé un projet de loi prévoyant la castration chirurgicale pour les auteurs de viol d’enfant. Qu’est-il prévu dans l’Hexagone ?

La castration chimique et chirurgicale sont autorisées à Madagascar en cas de viol sur un mineur (crédit : getty image)
La castration chimique et chirurgicale sont autorisées à Madagascar en cas de viol sur un mineur (crédit : getty image)

À Madagascar, les auteurs de viol d’enfant vont être très sévèrement punis. La Haute Cour constitutionnelle (HCC) a validé le projet de loi, voté par le Parlement, qui prévoit la castration des pédocriminels reconnus coupables. La peine sera d’ailleurs automatique si la victime est un enfant de moins de 10 ans. Elle sera, en revanche, laissée à la discrétion des juges si l’enfant est plus âgé. Jusqu’ici, les coupables risquaient la peine d’emprisonnement à perpétuité. Une sentence très rarement prononcée.

La version retenue est encore plus sévère que celle qui avait été votée par le Parlement. Elle a supprimé la gradation des peines en fonction de l’âge de la victime.

La castration chirurgicale, bientôt en vigueur à Madagascar

"La castration chimique ayant un caractère temporaire et réversible", elle entre en contradiction avec la volonté de la loi de "neutraliser définitivement les prédateurs sexuels et de diminuer le risque de récidive", a justifié la HCC malgache. La castration chirurgicale vise effectivement à supprimer la production d’hormones sexuelles de manière définitive par l’ablation des testicules.

Les associations d’aide aux victimes ne se sont pas déclarées favorables à cette mesure à Madagascar. "Cette réponse est inadaptée", a par exemple jugé Marie-Christina Kolo, à l’origine du mouvement Women Break the Silence, dans les colonnes du Monde. Elle pointe davantage la "culture du viol qui s’exerce au sein des foyers", et les "compensations financières" qui freinent la libération de la parole.

De son côté, Amnesty International a rappelé que si "le viol est un crime", "procéder à la castration chimique ou chirurgicale (...) constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant (qui) n’est pas compatible avec les dispositions constitutionnelles malgaches (...) pas plus qu’avec les normes régionales et internationales relatives aux droits humains".

Dans sa décision, la HCC prend soin d’exiger que le gouvernement formule par "voie réglementaire", les modalités de l’opération chirurgicale de telle sorte qu’elle ne puisse entrer "dans les actes de torture et de traitement inhumain".

La castration chimique, autorisée en France

La castration chirurgicale est interdite en France, contrairement à la castration chimique. Il s’agit d’un traitement médical qui vise à réduire la production de testostérone, et donc la libido et les pulsions sexuelles d’un individu. Elle n’est pas définitive. Les effets s’arrêtent lorsque l’individu ne prend plus ses médicaments.

En France, c’est le médecin qui décide du traitement et non le juge, explique Service-Public.fr. Le professionnel de santé est le seul à même de décider si le traitement peut être utile, dans le cadre d’une injonction de soin prononcée par un tribunal correctionnel ou une cour d’assises. Le condamné peut refuser les soins. Mais il pourra retourner en prison s'ils sont prescrits, car cela constitue "une violation de ses obligations contenues dans la mesure judiciaire".

Interrogé par Le Parisien en 2018, Jacques Waynberg, président de l'Institut de sexologie, criminologue et ancien médecin pénitentiaire auprès de pédophiles, explique que le traitement n’agit pas sur les fantasmes et les représentations sexuels. "Si cela n'est pas assorti d'un travail psychologique approfondi avec la personne, cela n'aura servi à rien", estime-t-il.

"En France, tous les traitements antihormonaux sont donnés avec consentement de la personne et couplés avec une psychothérapie", expliquait le Dr Serge Stoléru la même année à Allodocteurs.fr.

VIDÉO - La "Team Moore", ces citoyens qui traquent des pédophiles sur le web