Carnaval : le blackface de ces supporters de basket provoque la colère de joueurs

Durant le match Le Portel - Roanne, organisé en pleine période de carnaval dans le nord de la France, des supporters ont abordé un déguisement et un blackface qui ont provoqué l’indignation des joueurs roannais.
Durant le match Le Portel - Roanne, organisé en pleine période de carnaval dans le nord de la France, des supporters ont abordé un déguisement et un blackface qui ont provoqué l’indignation des joueurs roannais.

La direction du club du Portel a plaidé un « hommage mal interprété », mais la colère des joueurs de Roanne a tout de même fait réagir la Ligue Nationale de Basket contre cette pratique encore habituelle durant le carnaval.

SPORT - Encore considéré comme une coutume acceptable par quelques habitants du nord de la France attachés à la tradition carnavalesque, la pratique du blackface s’est attiré de nouveaux détracteurs ce samedi 4 mars, à l’issue d’un match de basket opposant le club du Portel, dans le Pas-de-Calais à Roanne. Une partie qui se jouait en pleine période de carnaval.

Plusieurs joueurs de la Chorale de Roanne se sont en effet plaints de supporters arborant un blackface dans les travées du Chaudron du Portel. Ils ont immédiatement dénoncé un geste de racisme lors de cette 22e journée de Betclic Elite, qui a au passage vu les locaux du Portel s’incliner 95 à 84.

« C’est inacceptable et ça mérite d’être dit »

« Lors de mon match contre le ESSM Basket (le club du Portel, ndlr) j’ai eu le malheur de voir trois hommes en bord de terrain : peinture noire, rouge à lèvres rouge, perruques, cheveux crépus, habits traditionnels antillais », a dénoncé avec colère le joueur roannais Yannis Morin sur Twitter.

D’ailleurs, nos confrères de France Bleu ont retrouvé la photo des trois hommes en question, partagée sur Twitter avant d’être supprimée à l’heure où sont écrites ces lignes.

« À quel moment en 2023 peut-on tolérer ce type de déguisement qui manque délibérément de respect à ma communauté, les Antilles ! C’est inacceptable et ça mérite d’être dit », a ajouté le joueur d’origine martiniquaise dans la suite de sa prise de parole.

L’ailier-fort roannais de 31 ans a d’ailleurs été rejoint sur ce thème par l’un de ses coéquipiers, Maxime Roos, qui a dénoncé avec colère ces « choses qui ne se font plus en 2023 » lors de la conférence de presse d’après-match.

« J’ai deux choses à dire par contre. Le carnaval c’est super, j’ai adoré jouer dans cette ambiance. Il n’y a vraiment aucun problème là-dessus », a entamé Maxime Roos visiblement très ému.

« Il y a des choses en 2023 qui ne se font plus. Et on va dire les termes : avoir des déguisements de personnes qui s’habillent couleur noir, c’est plus possible actuellement. Ça n’a jamais été possible, c’est encore moins possible actuellement. Et c’est impossible que les joueurs du Portel cautionnent ça et que la direction du Portel cautionne ça. Je ne comprends pas. »

Dans la suite de sa prise de parole au nom de plusieurs de ses coéquipiers, l’ailier roannais évoque et condamne également les insultes adressées à des joueurs blessés pendant le match et termine en ajoutant : « Il y a deux choses aujourd’hui qui sont inadmissibles. On est dans un sport avec des supporters. Très bien, mais il y a des limites à avoir en termes de racisme et d’attitude dans les gradins. »

Une prise de parole immédiatement saluée par le Paris Basketball, autre club de Betclic Elite, la première division de basket en France.

Sur les réseaux sociaux, Maxime Roos s’est permis d’en remettre une couche sur le sujet, estimant que « même avec les meilleures intentions, une couleur de peau n’est pas un déguisement ».

« Pas de quoi fouetter un chat »

Car du côté du Portel, c’est la carte de la maladresse qui a été jouée face aux vives réactions des Roannais. Dans un tweet, le club nordiste ne présente aucune excuse, mais avance que « l’hommage réalisé par nos supporters à notre ancien assistant coach Jacky Périgois a été mal interprété ». Avant d’ajouter : « Bravo à cette belle équipe de Roanne pour sa victoire et merci à nos supporters grimés pour cette belle fête traditionnelle porteloise ! ».

Pour information, cette justification du club fait directement référence au départ de l’ancien assistant coach du Portel Jacky Périgois, aujourd’hui loin des parquets puisqu’il s’est installé en Martinique depuis février 2022, déjà.

Auprès de France Bleu Nord, le président de l’ESSM Le Portel a d’ailleurs poursuivi sur cette même ligne de défense. « Je ne comprends pas la réaction de ce joueur, qui est le seul à s’offusquer d’ailleurs. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat », estime ainsi Yann Rivoal. Et d’évoquer encore une fois « la tradition ancestrale du carnaval qui ne fait de mal à personne ». Auprès de nos confrères, il s’est également dit « atterré par les réactions suscitées par le geste ».

La Ligue nationale de basket, interpellée sur les réseaux sociaux par Yannis Morin, a également réagi à la situation. Et la LNB a plutôt eu tendance à suivre la colère des joueurs roannais, comme elle l’indique sur les réseaux sociaux ce dimanche 5 mars. « La LNB a pris acte des évènements s’étant déroulés en tribunes lors du match Le Portel vs Roanne » et annonce que « le Comité directeur se réunira le 8 mars afin de statuer sur les suites à donner et sur la possibilité de saisir la Commission juridique de Discipline et des Règlements de la LNB ».

Auprès de France Bleu, le président du Portel a réagi à cette première prise de parole officielle sans la moindre inquiétude. Évoquant un « dossier complètement vide », il s’est permis d’ajouter que cette affaire aurait au moins le mérite d’occuper les instances dirigeantes.

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