Cannes 2024: Meryl Streep, Greta Gerwig, Judith Godrèche... Les femmes et leurs causes à l'honneur

Camille Cottin en maîtresse de cérémonie, Meryl Streep récompensée d'une Palme d'or d'honneur, Greta Gerwig présidente du jury, Judith Godrèche, voix du mouvement #MeToo ou encore Anya Taylor-Joy, dans le rôle-titre de Furiosa, déclinaison de Mad Max: longtemps invisibilisées dans le 7e art, les femmes puissantes sont mises à l'honneur par cette 77e édition du Festival de Cannes qui s'est ouverte mardi 14 mai.

C'est en larmes que Juliette Binoche a remis son prix honorifique à Meryl Streep, mardi soir, durant la cérémonie d'ouverture:

"Tu as changé notre façon de voir les femmes, tu nous as donné une nouvelle image de nous-mêmes", l'a-t-elle remerciée.

Judith Godrèche, figure de proue

Moi aussi, court-métrage réalisé par Judith Godrèche, 52 ans, sera doublement présenté ce mercredi 15 mai: en ouverture de la sélection "Un Certain Regard", au Palais des Festivals, seulement pour les accrédités, et au Cinéma de la Plage, en accès libre pour les touristes et les Cannois.

C'est déjà un temps fort du Festival, sept ans après la chute du producteur américain Harvey Weinstein, et cinq mois après la prise de parole marquante, en France, de l'actrice-réalisatrice qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

La comédienne a tourné ce film de 17 minutes pour dénoncer les violences sexuelles. Une façon de redonner un visage à un millier de victimes, a-t-elle confié à l'AFP.

"Il y a cette idée du 'comme toi, ça aussi je l'ai vécu', d'un lien, d'un écho, développe l'intéressée. L'idée, c'était de dire vous avez le droit de venir même si vous ne voulez pas être filmé, vous pouvez être de dos, vous pouvez être flouté".

La "fonction symbolique" du cinéma

"Ces personnes semblent partager un même sentiment de honte", poursuit-elle. "Comment transformer la honte? Pas en fierté, personne n'est fier de s'être fait abuser sexuellement. Mais partager quelque chose dont on pourrait toutes et tous se dire, 'on a fait ça ensemble et on peut en être fier'."

Pour Judith Godrèche, "le cinéma a une fonction symbolique, divine quasiment". "Me dire que les gens anonymes qui sont dans ce film vont être les acteurs principaux d'un film qui va à Cannes, c'est ce statut-là qui m'intéresse".

Le mouvement #MeToo alimente les discussions du Festival de Cannes. "Nous continuons à débattre de ces questions ensemble, notamment la question: où nous voulons qu'aille le cinéma. Il y a énormément de changements aux États-Unis", a commenté devant la presse Greta Gerwig, réalisatrice du carton Barbie et présidente du jury.

"La parole a été ouverte il y a quelques années", a dit en conférence de presse l'acteur Omar Sy, membre du jury, qui se félicite qu'il y ait "de plus en plus de femmes qui ont le courage de dire les choses" dans une "industrie du cinéma très visible".

Camille Cottin, maîtresse des cérémonies d'ouverture et de clôture, avait justement confié mardi 14 mai à Sud Ouest que la question du mouvement #MeToo ne serait "pas du tout occultée au festival":

"On est à un moment de remise en question profonde, structurelle (...) "Judith Godrèche a ouvert la voie. Ce sujet (...) a toujours été très connecté à la société, ne serait-ce que parce que le cinéma est le miroir de ces évolutions."

Des progrès qui restent à faire

Et sur le tapis rouge ce mercredi 15 mai, il y aura Anya Taylor-Joy, 28 ans, une guerrière qui fait mordre la poussière aux hommes sur grand écran dans Furiosa, présenté hors compétition en avant-première mondiale.

C'est un nouvel épisode de la saga Mad Max, plus précisément un prequel de Fury Road (2015), soit la jeunesse du personnage incarné alors par Charlize Theron.

"Il y a quinze ans, je n'aurais pu imaginer qu'il y aurait autant de femmes dans le cinéma", s'est réjoui Greta Gerwig, première réalisatrice à dépasser le milliard de dollars de recettes avec Barbie. Il n'y a cependant que quatre réalisatrices dans les 22 films en compétition à Cannes cette année. "Quatre femmes téméraires", a glissé Camille Cottin, maîtresse de cérémonie du Festival.

Dont la Française Agathe Riedinger qui ouvre le bal de la compétition avec Diamant brut, un premier film sur la télé-réalité et les aspirations d'une jeune fille vivant dans le sud de la France.

Article original publié sur BFMTV.com