Canicule : pourquoi les femmes sont plus à risque de mourir que les hommes ?

Les vagues de chaleur n’affectent pas de la même façon les femmes et les hommes, démontrent des études scientifiques.

La mortalité liée à la chaleur est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (crédit : getty image)
La mortalité liée à la chaleur est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (crédit : getty image)

Face à la canicule, nous ne sommes pas égaux. Les vagues de chaleur intense ont plus de répercussions sur les femmes, et notamment si elles ont plus de 65 ans. Ce constat observé après la canicule qui a touché la France en 2003 a conduit des chercheurs à s’intéresser au sujet. Une étude néerlandaise publiée en 2018 montre ainsi que "le taux de mortalité chez les femmes était en moyenne 15% plus élevé que chez les hommes" lors des épisodes de fortes chaleurs.

Une autre étude, parue en 2021, pointe que la "mortalité liée à la chaleur est plus élevée chez les femmes que chez les hommes, en particulier dans le groupe d'âge le plus âgé (plus de 80 ans) sous la chaleur extrême, tandis que dans le froid, aucune différence entre les sexes n'a été trouvée". Plus récemment, en 2023, une nouvelle recherche explique que sur les plus de 60 000 morts liés à la canicule de 2022 en Europe, “les décès de femmes sont supérieurs de 56 % à ceux des hommes”.

Des différences physiologiques…

Comment expliquer un tel écart ? Plusieurs hypothèses sont avancées par les chercheurs, en commençant par des différences physiologiques. "Les personnes âgées transpirent grosso modo moitié moins que les jeunes et les femmes moitié moins que les hommes", explique Hein Daanen, auteur de l'étude et professeur de physiologie de l'exercice à l'Université libre d'Amsterdam (Pays-Bas) au Guardian. Or, la transpiration permet à l’organisme de réguler la chaleur corporelle. Sans cela, c’est le coeur qui doit s’activer pour maintenir le thermostat interne à bonne température.

Un mercure au plus haut pourrait donc avoir un effet négatif plus important sur le système cardiovasculaire des femmes. Les fortes chaleurs font que “la pression artérielle monte et le cœur doit compenser. Il pompe, mais étant plus fragile en raison de l’âge, il a du mal à tenir”, détaille la directrice de recherche à l’Inserm, Nabila Bouatia-Naji, dans les colonnes de Libération.

…et comportementales

Les scientifiques pointent également des raisons comportementales. Les femmes âgées, qui survivent davantage à leurs conjoints masculins, sont davantage isolées. De plus, comme elles sont plus actives au sein du foyer, elles s’exposent à “un plus grand risque de surchauffe et de tension cardiovasculaire que les hommes”.

Enfin, elles ont tendance à minimiser les symptômes. Charlotte Cordonnier, professeure de neurologie au CHU de Lille nous expliquait dans un article sur l’AVC que les femmes appelaient plus vite les secours quand il touchait une personne de leur entourage que quand elles étaient directement concernées.

Les études montrant la corrélation entre le sexe et le risque de décès pendant les canicules a fait réagir outre-Manche. Le gouvernement britannique considère par exemple les femmes plus âgées comme une population à risque dans son plan national contre la canicule, au même titre que les plus de 75 ans ou les jeunes enfants. En France, aucune prévention visant ce public n’est à l’ordre du jour pour l’instant.

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