Cette campagne du musée de l’immigration avec Louis XIV rappelle qu’« un Français sur trois est immigré »

Un portrait de Louis XIV. Illustration.
Un portrait de Louis XIV. Illustration.

FRANCE - Si une campagne de communication est réussie dès lors qu’elle fait parler d’elle, le musée de l’immigration de Paris a plutôt bien réussi son coup. Pour inaugurer sa réouverture après trois années de travaux, le Palais de la Porte Dorée a dévoilé ce mardi 13 juin une affiche mettant en scène le roi Louis XIV en tenue de sacre. En légende, la phrase suivante : « c’est fou ces étrangers qui ont fait l’histoire de France ».

Un coup de com’ qui a fait bondir l’extrême droite sur les réseaux sociaux ce mercredi 14 juin. Certains allant même jusqu’à détourner l’affiche.

L’affiche du musée de l’immigration mettant en scène Louis XIV comme un de « ces étrangers qui ont fait la France ».
L’affiche du musée de l’immigration mettant en scène Louis XIV comme un de « ces étrangers qui ont fait la France ».

Le Roi Soleil, un étranger ? S’il a effectivement eu une « mère espagnole » (Anne d’Autriche) et une « grand-mère autrichienne » (Marguerite d’Autriche), comme le précise l’affiche, le souverain de la dynastie des Bourbons, né en France et fils de Louis XIII, a surtout des origines étrangères.

Le Palais de la Porte Dorée entend néanmoins bien passer un message vertueux : sans les étrangers, l’Histoire de France ne serait certainement pas celle qu’elle est aujourd’hui et au moins un tiers des Français a un lien avec l’immigration. Du XVIIe siècle à nos jours, l’exposition permanente du musée présentera donc onze grandes dates témoignant de l’influence de l’immigration sur notre société.

La visite démarre 1685, année du Code noir, symbole de l’époque coloniale d’ailleurs promulgué par Louis XIV, mais aussi celle de la révocation de l’Édit de Nantes et de l’exil des Huguenots : une date qui montre « que la France n’est pas qu’un pays d’immigration, mais aussi un pays d’émigration », selon l’historienne Marianne Amar, l’une des commissaires scientifiques du musée.

« Rendre cette histoire dans sa complexité »

Arrivée des exilés polonais en France en 1848, participation des étrangers à l’effort de guerre en 1917, indépendance de l’Algérie en 1962, conséquences des décolonisations, mobilisations en 1973 pour les droits des travailleurs étrangers… L’exposition donne à voir en cartes, photos, peintures et autres documents tous les événements clés du maillage menant de l’immigration vers l’intégration.

« L’immigration fait partie intégrante de l’Histoire de la France, d’une histoire commune. À chacune de ces dates, on va poser (...) la place qu’ont eue les étrangers et la manière dont ils ont fait l’Histoire de France », a expliqué dans un entretien à l’Agence France Presse (AFP) Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée. Une démarche justifiée par le fait qu’« aujourd’hui, un Français sur trois est immigré, enfant d’immigré ou petit-enfant d’immigré. »

« On a voulu rendre cette histoire dans sa complexité, avec l’histoire des gens qui sont déjà là », Français, et celle « de ceux qui arrivent, donc les migrants », souligne l’historienne Marianne Amar. Deux histoires qui n’avancent pas de façon « parallèle » mais « ensemble » et qu’il convient de « tisser ».

L’immigration aujourd’hui, c’est donc tout autant cette barque chargée de ballots de tissus africains et reposant sur des bouteilles vides, une œuvre de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo représentant les traversées risquées de la Méditerranée, que ces médecins et infirmiers étrangers photographiés dans les hôpitaux français durant la crise du Covid-19. Le musée, officiellement inauguré mardi, doit ouvrir au grand public le 17 juin.

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