Une campagne alerte sur la « soumission chimique », le fait d’être drogué par un proche

Un peu moins de 600 plaintes sont enregistrées chaque année pour ce motif.
Un peu moins de 600 plaintes sont enregistrées chaque année pour ce motif.

DROGUE - « Pendant dix ans, mon père a drogué ma mère à coups de somnifères et d’anxiolytiques, pour abuser d’elle et la faire violer par d’autres », résume Caroline Darian dans Le Parisien. Comme l’expliquent nos confrères, cette femme de 44 ans qui a fait de son histoire un livre (« Et j’ai cessé de t’appeler Papa », éditions JC Lattès) a lancé ce lundi 22 mai la campagne #MendorsPas sur les réseaux sociaux. Objectif : sensibiliser et informer sur ce qu’est la soumission chimique, le fait d’être drogué par un proche.

« La soumission chimique est encore trop souvent associée au seul GHB versé dans un verre en boîte de nuit. Or la majorité des auteurs sont des proches qui utilisent des médicaments issus de la pharmacie familiale ! » alerte Caroline Darian auprès du Parisien. Une cinquantaine de personnalités telles qu’Olivia Ruiz, Caroline Vigneaux, Daphné Bürki, ou Roxana Maracineanu, se sont engagées à relayer la campagne, via le hashtag #MendorsPas.

Les quelques dizaines de cas officiellement recensés ne représentent probablement qu’une partie de la réalité. D’autant que le dépôt de plainte, toujours difficile en matière d’agression sexuelle, l’est encore plus quand la victime souffre d’amnésie ou d’un « doute permanent sur ce qui a pu se passer ».

Des médicaments sédatifs détournés

« Au-delà du GHB et des drogues illicites, ce sont les substances médicamenteuses qui sont le plus communément utilisées (avec ou sans ordonnance). Anxiolytiques, hypnotiques ou antiallergiques sont autant de classes thérapeutiques détournées pour leurs propriétés sédatives », est-il rappelé sur le site Internet de la campagne.

Selon l’enquête nationale sur la soumission chimique réalisée auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), neuf victimes sur dix sont des femmes. Dans 83 % des cas, le but est l’agression sexuelle. « Les agressions sexuelles (y compris viols conjugaux et incestueux) ne sont pas les seules rapportées. Vols, extorsions d’héritage, violences physiques, maltraitance voire traite des personnes (proxénétisme…) sont également décrits », est-il souligné sur mendorspas.org.

Cette année, c’est l’affaire entourant la mère de Caroline Darian qui a particulièrement mis en lumière ce phénomème. Cette sexagénaire a été droguée par son mari pendant des dizaines d’années, lequel la livrait ensuite à des inconnus. Un procès doit s’ouvrir en 2024. « Ma mère a vu trois neurologues, ils ont fait des scanners, mais pas d’analyse toxicologique » , raconte à l’AFP Caroline Darian

Si un peu moins de 600 plaintes sont enregistrées chaque année pour ce motif, il reste très mal connu et probablement sous-évalué. « Ni les médecins traitants ni les spécialistes ne sont familiers des conséquences de la soumission chimique sur leurs patients. Cette campagne vise à les sensibiliser afin que, confrontés à des symptômes inexplicables, ils soient en mesure d’évoquer ce diagnostic faisant ainsi gagner un temps précieux à leurs patients », réclame Ghada Hatem-Ganzer, docteure et fondatrice de la Maison des Femmes du 93 sur le site.

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