Dans le Pas-de-Calais, un féminicide sous fond de relation amoureuse fictive sur internet

OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

FAITS DIVERS - Il souhaitait matérialiser une relation virtuelle avec une femme, qui s’est avérée être un escroc. Un trentenaire a été mis en examen mercredi 13 mars pour assassinat, soupçonné d’avoir tué sa compagne le 28 janvier à Beussent, dans le Pas-de-Calais.

Placé en garde à vue, l’homme a reconnu avoir prémédité le meurtre de sa compagne, dans l’espoir de pouvoir « concrétiser » sa relation virtuelle nouée sur internet, a indiqué le procureur de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, dans un communiqué.

Le mis en cause, adjoint technique dans une mairie, a été mis en examen et écroué. Selon Guirec Le Bras, il a fait devant le juge d’instruction des déclarations spontanées selon lesquelles « il regrettait son geste ».

Le 28 janvier au matin, le corps d’une jeune femme avait été retrouvé à son domicile de Beussent, présentant des « traces de blessures au niveau du torse », selon le parquet. Une enquête pour « homicide volontaire » a été confiée à la section de recherche de Lille et à la brigade de recherche de la compagnie de gendarmerie d’Écuires.

La victime, infirmière dans une maison de retraite et née en 1995, et le mis en cause, né en 1994, vivaient en concubinage et un mariage était en projet, a indiqué à l’AFP le procureur de la République.

Le concubin, qui a alerté les gendarmes, avait déclaré dans un premier temps avoir retrouvé sa compagne décédée en rentrant de la boulangerie, émettant l’hypothèse d’un vol qui aurait mal tourné « au regard de la disparition d’une tirelire, » précise le procureur dans un communiqué.

2 200 euros soutirés par l’escroc

Mais l’enquête a écarté cette hypothèse et mis en cause l’homme, qui « entretenait une relation affective sur internet » avec une personne dont il ne connaissait pas la véritable identité.

Selon Le Parisien qui a révélé les faits, cette personne se présentait sur Facebook sous le profil de « Béatrice Leroux, commercente (sic) à Brest ». Cette amante virtuelle s’est avérée être un personnage fictif créé par un escroc aux sentiments, poursuit le communiqué du parquet, ajoutant que le mis en cause avait versé 2 200 euros à cet escroc, « localisé selon les premières investigations en Côte d’Ivoire ».

« Jusqu’à hier (mardi, NDLR), il n’avait pas compris que cette relation était purement virtuelle et que c’était une arnaque », a commenté auprès de BFMTV l’avocate de l’homme mis en examen.

Selon les services de l’État, l’escroquerie sentimentale consiste à faire naître des sentiments chez une victime pour lui soutirer de l’argent.

Des groupes criminels basés en Afrique de l’Ouest sont spécialisés dans les arnaques sur internet, parmi lesquelles ces arnaques à l’amour. Un phénomène décrit dans ce reportage du Monde en décembre dernier.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. En 2023, le ministère de la Justice en a dénombré 94.

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