Cédric Kahn : « Pierre Goldman a tout manipulé, même l’antisémitisme »

« Saint Omer » primé à Venise, « Anatomie d’une chute» consacré à Cannes tout comme «Le procès Goldman»… En ce moment, le cinéma français prend des faux airs de «Faites entrer l’accusé». Mais réinvente le genre avec force. «Chaque film a son propos, son ambition. La mienne était d’explorer l’art de la dialectique et celui de rendre la justice», précise Cédric Kahn. Le cinéaste a toujours eu un goût pour les faits divers («Roberto Succo», «Vie sauvage»). «Et les personnages sur la brèche, renchérit-il. La norme ne m’intéresse pas.»

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On comprend mieux qu’il ait voulu raconter le procès emblématique de Pierre Goldman, militant juif d’extrême gauche ayant viré dans le banditisme et accusé du meurtre de deux pharmaciennes boulevard Richard-Lenoir à Paris, en 1969. Un procès symbole d’une France d’après 1968, presque bipolaire politiquement, socialement et idéologiquement. Violences policières, racisme, conservatisme, utopie, Kahn passe à la moulinette les travers d’une époque. Mais pas que. «Pierre Goldman est un héros de roman, clame le réalisateur. Il est sincère, manipulateur, électrique, sur la brèche mentale, c’est un punk avant l’heure. Fils d’une mère absente et d’un héros de la Résistance. Un homme à ce point incandescent est forcément cinématographique.» La phrase emblématique de Goldman, «Je suis innocent parce que je suis innocent», était le premier titre du...


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