Le cédrat calabrais que les rabbins du monde entier se disputent

Orlando lo Frano, producteur local, trouve ces clients atypiques quelque peu pointilleux. “Ils passent des heures agenouillés à tâter les produits, soupire l’homme auprès du reporter d’Il Venerdì. Et ce même si on ne leur propose que des fruits susceptibles de satisfaire leur idéal religieux.”

Les clients en question sont des rabbins. Et les fruits qu’ils examinent avec tant d’attention, des cédrats. Ou plutôt des cédrats Diamante, une variété exceptionnelle de cette espèce de citron qui n’est cultivée que dans une zone de la Calabre située entre les villes de Santa Maria del Cedro et de Diamante.

L’essentiel de la récolte sert d’ingrédient à la cedrata, une boisson d’apéritif très célèbre dans la péninsule, mais ce n’est pas pour produire ce breuvage que les rabbins se sont rendus dans ce coin reculé du sud de l’Italie. Pour ces religieux, les cédrats ont une tout autre importance.

“La fierté des autels du monde entier”

Ce sont, en effet, des “objets” essentiels dans le cadre des rituels religieux de la fête juive de Soukkot (célébrée chaque année en septembre ou octobre), pour laquelle quatre espèces végétales sont requises, la palme de dattier, la branche de myrte, la branche de saule et, justement, le cédrat. Mais pas n’importe lequel.

Certaines variétés de cet agrume sont en effet plus prisées que d’autres, et à en croire l’hebdomadaire italien, la plus précieuse de toutes serait celle produite en Calabre :

“Les meilleurs cédrats pour le Soukkot doivent être lisses, peser entre 80 et 250 grammes, et ne présenter aucune imperfection chromatique. Ils doivent ressembler à un muscle cardiaque, mais ils doivent aussi avoir quelque chose de géométrique, comme un prisme cartésien.”

C’est là la description exacte des cédrats Diamante qui, grâce à leur esthétique religieusement parfaite, “font la fierté des autels de Soukkot du monde entier”, s’amuse le média italien.

Mais voilà, la fierté a un prix, puisque ce fruit, d’habitude très économique, peut coûter de 50 à 80 euros pour les rabbins. Une somme que beaucoup de religieux sont prêts à débourser. La preuve, à la fin de l’été, “on les voit converger en masse en avion depuis Jérusalem, le Canada, l’Afrique du Sud, l’est de l’Europe ou l’Amérique du Sud pour acheter les meilleurs cédrats”.

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