Bruxelles expulse l’imam Iquioussen vers le Maroc

L’imam marocain Hassan Iquioussen sort après une audience à la cour d’appel de Mons, le 10 novembre 2022.
KENZO TRIBOUILLARD / AFP L’imam marocain Hassan Iquioussen sort après une audience à la cour d’appel de Mons, le 10 novembre 2022.

La France voulait que la Belgique lui remette ce prédicateur, « fiché S », pour le renvoyer au Maroc. La justice belge refusait.

JUSTICE - La fin d’un long feuilleton judiciaire opposant Paris à Bruxelles ? L’imam marocain Hassan Iquioussen a été expulsé ce vendredi 13 janvier vers le Maroc par la Belgique, où il avait été arrêté le 30 septembre après son expulsion de France pour des « propos incitant à la haine et à la discrimination », ont annoncé son avocate française et les autorités belges.

Ce prédicateur du nord de la France, dont le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé l’expulsion fin juillet, a été reconduit dans un avion vers Casablanca après la délivrance jeudi d’un laissez-passer par les autorités marocaines, a indiqué son avocate Me Lucie Simon.

Depuis des semaines, la France réclamait que la Belgique lui remette Hassan Iquioussen pour le renvoyer au Maroc, ce que lui avait refusé en novembre la justice belge.

« Une grande victoire contre le séparatisme »

La secrétaire d’Etat belge à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, s’est félicitée de « la bonne coopération » avec la France sur ce dossier, en confirmant le renvoi de l’intéressé vers le Maroc. « Nous ne pouvons pas permettre à un extrémiste de se promener sur notre territoire. Toute personne qui n’a pas le droit d’être ici doit être renvoyée », a commenté Nicole de Moor, citée dans un communiqué.

« Gérald Darmanin s’était beaucoup impliqué auprès de ses homologues sur ce sujet. C’est une grande victoire contre le séparatisme », a de son côté commenté l’entourage du ministre français de l’Intérieur.

Fin juillet, Gérald Darmanin avait annoncé l’expulsion de M. Iquioussen, lui reprochant « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ».

La « volte-face » du Maroc

Mais l’imam était introuvable au moment où l’arrêté d’expulsion avait été définitivement validé par le Conseil d’Etat le 31 août. Il avait fui en Belgique francophone où il a été arrêté dans la région de Mons le 30 septembre.

Hassan Iquioussen avait ensuite été placé en centre fermé près de Liège (est) à la mi-novembre pour séjour illégal, visé par un ordre de quitter le territoire belge après l’échec de la procédure du mandat d’arrêt européen lancée par la France.

Son avocate française Lucie Simon s’est étonnée vendredi soir de la « volte-face » du Maroc, qui avait refusé l’été dernier à la France le laissez-passer consulaire permettant l’éloignement de l’imam dans son pays d’origine.

« Je suis surprise de la volte-face des autorités marocaines et j’estime que la vie de M. Iquioussen est en France », a réagi Me Lucie Simon, soulignant que les avocats n’ont pas été informés de la délivrance du document consulaire. « Nous attendons le jugement sur le fond du Tribunal administratif de Paris, si l’arrêté d’expulsion (français) était annulé, la France devra assurer son retour », a-t-elle ajouté.

VIDÉO-Hassan Iquioussen arrêté en Belgique: dans quelle mesure l'imam peut-il être remis aux autorités françaises?