Bruno Retailleau accusé de racisme après avoir pointé une « régression vers les origines ethniques » en banlieues

Le sénateur LR était invité sur franceinfo pour commenter les émeutes faisant suite à la mort de Nahel.

Bruno Retailleau sur le plateau de franceino ce mercredi 5 juillet.
Bruno Retailleau sur le plateau de franceino ce mercredi 5 juillet.

POLITIQUE - Dictionnaire Larousse. Entrée « racisme ». Définition : « Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, autrefois appelés “races” ; comportement inspiré par cette idéologie ». Une notion qui pour la gauche s’applique à la déclaration faite ce mercredi 5 juillet par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.

Invité sur franceinfo à tirer des leçons des émeutes provoquées par la mort de Nahel, le sénateur de la Vendée a exposé sa vision bien particulière des banlieues et des violences qui s’y expriment. « Quand j’entends Gérald Darmanin dire à l’Assemblée nationale qu’il n’y a pas de lien avec l’immigration, mais bien sûr que si », a estimé le sénateur LR, considérant que les émeutiers ne sont Français que « par leur identité ».

Et Bruno Retailleau d’expliciter le fond de sa pensée : « pour la deuxième, troisième génération il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques ». Ce qui devrait inciter la société à se questionner sur la façon dont on « présente la France » à ces jeunes, afin de les faire adhérer au pays. « Comment voulez-vous faire aimer la France à ces jeunes, si vous dites que la France est détestable ? », a-t-il interrogé.

« Ceci est un propos raciste »

Sitôt prononcée, l’évocation d’une « régression vers les origines ethniques » a fait bondir nombre d’élus, notamment à gauche, qui y voient une sortie purement raciste. « Vos récents propos franchissent un pas inquiétant vers la sphère de l’extrême droite. Des déclarations telles que “ régression vers les origines ethniques” sont inacceptables de la part d’un président de groupe d’une droite soi-disant “républicaine” », a dénoncé sur Twitter son collègue socialiste Rémi Cardon.

« Ceci est un propos raciste », a renchéri Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise,quand Mathilde Panot pointe le « racisme crasse d’un président de groupe en déroute ». « C’est ce genre de propos qui est contraire à la pensée républicaine. Avec de telles divagations notre pays est en grand danger. Réveillez-vous ! », a ajouté sur le député LFI Aurélien Saintoul, dans le sillage de Sophia Chikirou, Danièle Obono ou la communiste Elsa Faucillon.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’une prise de position de Bruno Retailleau détonne avec ce qu’il est communément admis au sein de la droite républicaine. Au moment où le député RN Grégoire de Fournas avait crié « qu’il retourne en Afrique » dans l’Assemblée nationale au moment où le député noir Carlos Martens Bilongo s’exprimait, le sénateur de la Vendée avait récusé le caractère raciste de ces propos. À l’inverse d’Éric Ciotti, qui avait condamné « avec fermeté (des) propos d’une extrême gravité ».

Alors que la polémique ne cessait d’enfler, et qu’une cohorte d’élus Renaissance se joignaient au concert de critiques, Bruno Retailleau a tenu à faire une mise au point. « N’en déplaise à l’extrême gauche, adepte de la deconstruction nationale, la France est depuis 15 siècles une promesse de dépassement des origines de chacun vers une nation qui rassemble. On assiste bien chez beaucoup de jeunes issus de l’immigration à un refus de cette promesse et à un retour à des attachements ethniques ou nationaux extérieurs à la France. C’est d’ailleurs paradoxalement cette même extrême gauche qui accuse la police de viser “les jeunes maghrébins” », s’est-il défendu.

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