Boualem Sansal : « Il y a mille façons d’être courageux »

Boualem Sansal est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont « Vivre. Le compte à rebours » (Gallimard).  - Credit:Mathias FILIPPINI/REA
Boualem Sansal est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont « Vivre. Le compte à rebours » (Gallimard). - Credit:Mathias FILIPPINI/REA

Depuis un quart de siècle, il brandit sa plume contre l'intégrisme et l'oppression. Son œuvre est forte d'une vingtaine d'ouvrages, traduits dans le monde entier. Grand Prix de l'Académie française en 2015 pour son roman 2084. La fin du monde (Gallimard), ce farouche opposant au régime algérien a subi les attaques du pouvoir et les menaces de mort des groupes islamistes. À 74 ans, il vient de publier Vivre. Le compte à rebours (Gallimard) et préside la 28e édition du Festival du livre, sur le thème du courage, qui irrigue l'existence et les récits de cet écrivain à la force tranquille.

Le Point : C'est quoi le courage ?

Boualem Sansal : Je crois que pour vivre en Algérie, il faut du courage. La vie devient très difficile, pas seulement sur le plan politique ni à cause de l'islamisme qui se répand. Le pays est à l'arrêt depuis des années sur le plan culturel et associatif. Il n'y a pas de moyen de s'exprimer, pas de cinéma ni de théâtre. Tout est fermé. C'est un courage « au long cours ». C'est épuisant.

Dès votre premier roman, « Le Serment des barbares » (Gallimard, 1999), écrit en pleine guerre civile, vous avez dénoncé le régime algérien et l'islamisme. À 50 ans, vous avez pris la plume comme on prend les armes ?

Si vraiment un jour j'ai fait preuve de courage, c'est celui où j'ai décidé de publier ce premier roman. Nous étions au pic de la guerre civile en Algérie. J'écrivais pour moi, pour essayer de comprendre ce qui se passait dans mon pays. Je l'ai f [...] Lire la suite