Bordeaux: comment interpréter les chiffres de la DNCG pour la saison 2022-2023 et quel avenir financier pour le club?

Les Girondins de Bordeaux accusent le quatrième plus gros déficit d’exploitation sur la saison 2022-2023 derrière le PSG, Nice et Lyon. 44 millions d’euros, un chiffre colossal pour un club de Ligue 2. La masse salariale est encore un gouffre pour le club au scapulaire. Elle a été réduite à 42 millions d’euros mais représente la 13e de France devant des clubs comme Lorient, Toulouse et Brest. A cette masse salariale, il convient d’ajouter les frais d’agents estimés à plus de 3 millions d’euros (le record de très loin pour la Ligue 2) soit le triple de Saint-Etienne et l’équivalent de Lens et Lille qui jouent l’Europe.

Le club vit encore bien au-dessus de ses moyens même si Gérard Lopez et ses équipes ont réussi à faire diminuer la masse salariale de plus de 20 millions d’euros depuis leur acquisition, le train de vie bordelais est encore bien loin de la réalité de la Ligue 2. Toutes ces dépenses font face à des recettes (environ 9,1 millions d’euros) qui ne dépassent pas Saint-Etienne (9,9 millions) ou encore Metz (9,6 millions). Pour s’en sortir l’été dernier, Bordeaux a dû s’en remettre à des ventes. Les transferts de Sékou Mara, Ui-Jo Hwang à l'été 2022 mais aussi les arrivées de Jules Koundé à Barcelone et Aurélien Tchouaméni au Real Madrid, sur lesquelles le club a touché des pourcentages, ont permis aux Girondins d’emmagasiner 35 millions d’euros. Ajouter à cela un apport de 45 millions de Gérard Lopez plus une suppression de créances de 31,7 millions d’euros (à King Street et Fortress) et Bordeaux a pu solder son exercice dans le vert (+19 millions d’euros). Des résultats impossibles sans ces ventes exceptionnelles et l’accord trouvé par Lopez avec les créanciers du club.

Et maintenant?

L’estimation du prochain déficit d’exploitation est chiffrée à 50 millions d’euros. Quasiment comme l’été dernier sauf que Bordeaux ne bénéficiera plus des mêmes recettes grâce aux ventes et à la suppression de créance. La masse salariale, bien que réduite encore (36 millions d’euros), reste bien trop importante pour une équipe classée seulement 14e de Ligue 2. Gérard Lopez se mure dans le silence depuis le mois d’octobre. Difficile de définir la stratégie du président bordelais pour préparer l’avenir. A son entourage, il maintient qu’il ne veut pas vendre le club à n’importe qui en espérant pouvoir amortir ses investissements et a refusé une offre d’une quinzaine de millions d’euros du duo formé par l’entrepreneur Michaël Benabou (PDG de vente-privées.com) et l’ancien président de l’OL, Santiago Cucci, comme l’a annoncé le journal Sud-Ouest.

Si Lopez a longtemps travaillé sur l’arrivée d’investisseurs au capital, cette solution semble désormais quasiment à écarter. Difficile pour un club qui ne possède ni son stade, ni son centre d’entrainement, avec très peu de valeurs marchandes dans son effectif et autant de charges d’être attractif. La piste principale pour pérenniser l’avenir du club est celle d’un prêt contracté auprès de fonds d’investissement mais cela aurait pour conséquence de creuser la dette financière qui avait été réduite à seulement 3 millions d’euros…

A l’heure actuelle, la situation au club reste alarmante financièrement. Si Gérard Lopez remet la main au pot au compte-goutte pour subvenir aux moyens essentiels du clubs comme les salaires du personnel administratif et des joueurs, certains fournisseurs n’ont toujours pas été payés. L’entreprise en charge de l’entretien des pelouses a quitté le Haillan en début de semaine. Le personnel médical vacataire (qui n’est pas salarié du club) menace de faire grève en cas de non-rémunération. L’ancien patron du LOSC va devoir rapidement trouver une solution pour injecter des fonds massivement, probablement plus d’une trentaine de millions d’euros, pour assurer son passage devant la DNCG. Sur le terrain, les Girondins ont quasiment assuré leur maintien en Ligue 2 ce qui pourrait diminuer les craintes de potentiels investisseurs à s’engager et accélérer les négociations mais l’été bordelais s’annonce une nouvelle fois très chaud.

Article original publié sur RMC Sport