Bordeaux: Albert Riera, l’entraîneur qui s’est mis la Ligue 2 à dos

Albert Riera est un homme de conviction. Il ira jusqu’au bout avec ses idées, peu importe l’issue de cette saison et ce que les observateurs peuvent penser de lui. Pas le genre d’entraîneur à faire des compromis ou se défiler en conférence de presse quand un sujet sensible est abordé. Une personnalité clivante, arrogante pour beaucoup, qui a réussi à braquer une bonne partie de ses confrères en Ligue 2.

Certaines de ses analyses d’après-match peuvent paraître hors-sol pour un entraîneur 14e de son championnat alors que son club ambitionnait de monter mais Riera ne chamboulera sa philosophie pour les résultats. Et même s’il est difficile d’entendre, pour les supporteurs, que Bordeaux progresse de sortie en sortie alors que les Marine et Blanc n’ont remporté que deux de leurs huit derniers matchs, il n’en démord pas.

"Certains ont ressenti un manque de respect après ses déclarations"

"L’entraineur ne peut jamais promettre de titre ou de victoire", lâche Riera avant d’affronter Laval. J’avais promis de faire progresser les joueurs. "Parfois c’est sur le terrain ou parfois pour leur apporter de l’expérience mais je sens que je peux encore les améliorer."

Pour les entraîneurs de Ligue 2, l’ancien joueur de Liverpool manque d’humilité. Une arrogance qui le rend capable de fustiger la prestation d’un adversaire malgré la défaite des Girondins, de dire que son équipe mérite de gagner même si elle vient de perdre ou encore de critiquer la qualité technique du championnat. "Certains ont ressenti un manque de respect après certaines de ses déclarations", souffle un acteur du championnat. Ses propos, à chaud, sont souvent trop offensifs."

Le décalage entre la réalité de Riera et celle des autres interpellent en L2 comme son analyse après le match nul 0-0 contre Quevilly-Rouen: "Si tu demandes aux 500 joueurs de Ligue 2 s’ils préfèrent être avec le maillot jaune ou le maillot bleu ce soir, qu’est-ce qu’ils diront selon vous? Je pense qu’ils choisiront le bleu."

Garcia: "Qu’il laisse les autres entraîneurs tranquilles"

Une critique ouverte du style de jeu de QRM qui n’a pas plus à son homologue Jean-Louis Garcia: "Je ne veux même pas parler de cette personne, il ne m’intéresse pas, a rétorqué Garcia. A un moment donné, il faut qu’il soit lucide. Il a un budget de 42 M€, nous de 8 millions. On est le petit QRM! je ne sais pas s’il sait ce que c’est Quevilly-Rouen par rapport aux Girondins de Bordeaux sur la carte du football professionnel. Qu’il s’occupe un peu de ses affaires et qu’il laisse un peu les autres entraîneurs tranquilles, il a déjà bien du boulot avec son équipe."

Brouard, Daf, Garcia les polémiques ont été nombreuses et se sont succédé tout au long de la saison. L’Unecatef, le syndicat des entraineurs, a même dû le rappeler à l’ordre après une joute verbale avec son prédécesseur David Guion: "Le respect de ses collègues devrait être la règle d'or de notre métier."

Un membre des Girondins:  "Oui il est sûr de lui mais il n’a jamais été arrogant avec qui que ce soit"

La perception de l’Espagnol n’est pas la même à Bordeaux où il reste très apprécié. Son président Gérard Lopez aime sa personnalité franche: "Oui, il est sûr de lui, il a des convictions profondes mais il n’a jamais été arrogant avec qui que ce soit, assure-t-on en interne." Ses propos face à la presse sont parfois mis sur le compte de la maladresse. Riera, lui, sait qu’il dérange: "Après 30 matchs je n’avais jamais entendu un entraineur dire que Bordeaux méritait de gagner et qu’on avait de bons joueurs. Je ne sais pas si c’est parce qu’il est étranger… Ça m’a surpris."

Ses joueurs n’ont jamais abandonné leur coach alors que le climat est de plus en plus pesant en dehors du groupe pro. Entre le silence assourdissant du président Gérard Lopez, les infos sur le manque de trésorerie et l’avenir du club qui s’écrit dans le flou le plus total, Riera a réussi à garder son groupe concerné sur le sportif alors que beaucoup de joueurs auraient pu lâcher. Un manager "qui aime ses joueurs" et qui fera tout pour eux jusqu’à la fin. Depuis qu’il a débarqué en Gironde, Bordeaux pointe à la 10e place de Ligue 2, loin des objectifs affichés. Mais ne comptez pas sur Albert Riera pour se renier, même s’il doit se mettre l’ensemble du foot français à dos.

Article original publié sur RMC Sport