« Boléro » : faut-il aller voir le film d'Anne Fontaine sur la création du morceau mythique de Ravel ?

Raphaël Personnaz incarne Maurice Ravel. - Credit:Pascal Chantier
Raphaël Personnaz incarne Maurice Ravel. - Credit:Pascal Chantier

Pour raconter la genèse du fameux « Boléro » et la personnalité mystérieuse de son créateur, Anne Fontaine a préféré au biopic une sorte de plongée sensorielle, de parcours intime dans l'univers d'un génie. Suivant les conseils de Truffaut, selon qui 75 % de la réussite d'un film repose sur le choix des acteurs, elle a réuni un solide casting : le beau et sombre Raphaël Personnaz campant un Ravel tout en intensité retenue ; Jeanne Balibar en Ida Rubinstein pleine de fougue dans le ballet d'origine du Boléro ; et Doria Tillier, toute en grâce et élégance dans le rôle de la muse amoureuse du compositeur. Sans oublier Anne Alvaro, dans celui de la mère bienveillante. Une réussite.

« Je n'ai écrit qu'un seul chef-d'œuvre, le Boléro, malheureusement il est vide de musique », confessait Maurice Ravel à son homologue Arthur Honegger. Paradoxalement, il n'a cessé de hanter celui qui n'y voyait qu'un thème expérimental au rythme lancinant, hypnotique. Une sorte d'allégorie de la vie qui se termine dans la transe et le chaos. Pas grand-chose, à ses yeux, comparé à d'autres partitions plus amples, ses Valses, Pavane pour une infante défunte, Daphnis et Chloé, le Concerto en sol. Et pourtant… Créé en 1928, voici un thème redoutable, à la fois simple et savant, qui « intoxique » l'auditeur, selon le biographe Marcel Marnat. Ces seize petites minutes sont devenues une œuvre phare au succès immédiat, l'une des plus jouées au monde.

Mais aussi accouchée dans la douleur… C'e [...] Lire la suite