Pour Boeing, l’incident du 737-MAX 9 n’est que le dernier d’une longue série

Ce sont les modèles Boeing 737 MAX 9 comme celui-ci qui sont désormais cloués au sol pour des examens, après l’incident survenu vendredi aux États-Unis.
STEPHEN BRASHEAR / Getty Images via AFP Ce sont les modèles Boeing 737 MAX 9 comme celui-ci qui sont désormais cloués au sol pour des examens, après l’incident survenu vendredi aux États-Unis.

TRANSPORTS - L’horizon s’assombrit une fois encore pour l’avionneur américain. L’incident survenu vendredi lors du vol d’un 737-MAX 9 près de Portland, aux États-Unis, complique le retour sur le devant de la scène du constructeur Boeing, paralysé ces dernières années par une série de problèmes sur ses appareils, en plus de deux crashs mortels.

Des pilotes américains avaient déjà témoigné d’incidents avec des Boeing 737 MAX 8

Si la section du fuselage qui s’est soudainement détachée de cet avion de la compagnie Alaska Airlines n’a pas provoqué de victime, la situation s’annonce critique pour Boeing, dont les appareils du modèle 737-MAX 9 sont désormais cloués au sol dans de nombreux pays en attendant des expertises du modèle problématique.

Une galère de plus pour Boeing qui commençait doucement à remonter la pente après une longue période d’instabilité provoquée par les nombreux problèmes techniques de cet avion qui devait initialement concurrencer l’A320 d’Airbus.

· Inspections à la chaîne

Depuis vendredi, la compagnie américaine Alaska Airlines a ordonné le maintien au sol de tous les modèles 737-MAX 9. Depuis les annonces se suivent et se ressemblent au sein de l’aviation américaine et même mondiale. Ainsi, United Airlines, l’une des premières compagnies mondiales, Turkish Airlines, Aeromexico ou la compagnie panaméenne Copa Airlines ont décidé de clouer au sol leurs appareils de ce type pour les inspecter.

Une décision qui fait suite à une directive de l’agence fédérale américaine de l’aviation civile (Federal Aviation Administration, FAA).

Depuis sa mise en circulation sur le marché, Boeing affirme avoir livré 218 exemplaires du 737-MAX 9. À titre d’exemple, United Airlines détient la plus grande flotte au monde de ce modèle Boeing et la compagnie a cloué au sol 46 de ses appareils, alors que 33 ont déjà été examinés depuis vendredi.

De son côté, la FAA évoque le chiffre de 171 appareils concernés à travers le monde. Et pour chaque appareil, les inspections d’usage nécessitent entre quatre et huit heures de travail. Un travail qui risque de provoquer une paralysie de la flotte Boeing, un cas de figure que l’avionneur connaît bien désormais.

· Deux crashs successifs

Ces dernières années, le modèle 737-MAX n’est plus vraiment en odeur de sainteté. Il faut dire qu’avec deux accidents mortels survenus un an et deux ans après la mise en service de cet appareil, les conditions ne sont pas vraiment idéales.

Le premier avait eu lieu le 28 octobre 2018 et avait provoqué la mort de 189 personnes au large de l’Indonésie. Cet avion de la compagnie Lion Air avait été ciblé par les enquêteurs de l’époque pour ses défauts de conception et son système de commande à bord de l’engin. Le Figaro évoque également la « formation inadaptée des pilotes et des performances médiocres de l’équipage » qui avaient conduit au crash du Boeing.

Cinq mois après, c’est un 737-800-MAX appartenant cette fois à Ethiopian Airlines qui s’écrase peu de temps après son décollage le 10 mars 2019 et dans des conditions relativement similaires au vol de Lion Air. Cette fois encore, un défaut de conception lié au logiciel MCAS est pointé du doigt. Un système qui permet d’éviter le décrochage de l’appareil.

· Flotte paralysée 20 mois

Dans la foulée de ce second accident, Boeing avait été contraint de maintenir ses appareils au sol, alors que plusieurs pays dont les États-Unis, la Chine ou l’Inde avaient interdit le modèle dans leur espace aérien. Une période d’immobilisation qui aura duré vingt longs mois, période durant laquelle des changements dans le système de contrôle en vol avaient été imposés.

Et ces derniers mois, les soucis se sont une nouvelle fois enchaînés. En fin d’année 2023 notamment, lorsque Boeing a informé les compagnies aériennes détentrice de modèles 737 qu’ils devaient être inspectés pour vérifier des pièces desserrées dans le système de contrôle du gouvernail. Quelques mois plus tôt, Boeing avait également été contraint de ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil.

La perte de confiance dans le 737-MAX risque donc de coûter cher à Boeing après ce nouvel incident particulièrement impressionnant visuellement. Et la Chine qui avait déjà été refroidie par les crashes de 2018 et 2019 ne risque pas de reprendre tout de suite les livraisons de 737-MAX pour les compagnies chinoises.

À voir également sur Le HuffPost :

737 Max: Boeing s’excuse après des conversations d’employés dénigrant ces avions

Sur le Boeing 737 MAX, le Congrès américain dit avoir reçu des documents préoccupants