Bob Dylan danse avec les morts

Bob Dylan, le 3 juillet 2019.  - Credit:HELLE ARENSBAK / Ritzau Scanpix / AFP
Bob Dylan, le 3 juillet 2019. - Credit:HELLE ARENSBAK / Ritzau Scanpix / AFP

Il est des concerts que l'on n'oubliera jamais. Celui de Bob Dylan au Grand Rex mercredi 12 octobre était de ces mémorables soirs où l'on sait que l'on assiste à un chapitre de l'histoire du rock. Le rendez-vous promettait pourtant d'être manqué, à l'instar de cette date, au Zénith, en 2017 qui nous avait laissée de marbre, voire carrément déçue. Le chanteur était glacial, restant dans l'ombre, immobile derrière son clavier, sans un mot pour le public ni ses musiciens, enchaînant ses tubes rendus méconnaissables, le visage fermé. Mais peut-être que la voûte étoilée du Rex offrirait de meilleurs auspices. Cette fois, nous étions prévenus : Dylan ne jouerait aucun tube ce soir, les téléphones portables seraient confisqués, l'heure précise du démarrage à la seconde près (avec interdiction d'entrer dans la salle une fois la première note jouée)…

Maître absolu (tyrannique ?) en son domaine, il est apparu vêtu d'un costume noir et d'une chemise vert pomme pour jouer la quasi-totalité de son 39e opus, Rough and Rowdy Ways, le premier avec des chansons originales en huit ans, et un de ses meilleurs crus. La voix est rauque, patinée, c'est celle d'un crooner de 81 ans qui lance un regard introspectif sans remords sur sa vie. « What are you lookin' at/There's nothing to see/Just a cool breeze that's encircling me », chante-t-il dans « I Contain Multitudes », la splendide ballade blues acerbe inspirée par Walt Whitman. Les titres s'enchaînent, jazzy, bluesy, sexy, poé [...] Lire la suite