Rome se démène pour Carige après le retrait de BlackRock

par Stephen Jewkes

MILAN (Reuters) - Le gouvernement italien se démène pour tenter de trouver une solution pour Banca Carige, dont le projet de sauvetage est mis en péril après le retrait de BlackRock, Rome voulant éviter une nouvelle coûteuse intervention publique pour sauver une banque.

BlackRock, Le numéro un mondial de la gestion d'actifs n'a pas donné d'explication à ce retrait, ni Carige. Ce plan était justement destiné à éviter à l'Etat de mobiliser l'argent public pour réaliser un quatrième sauvetage de banque italienne en deux ans.

Le ministre de l'Economie Giovanni Tria s'est dit confiant dans une solution qui ferait appel au marché pour renforcer les fonds propres de la banque génoise.

Les trois administrateurs spéciaux, placés à la tête de Carige par la Banque centrale européenne en raison d'un risque de faillite, cherchent un autre investisseur et le travail accompli jusqu'ici ne sera pas perdu, a déclaré le ministre à des journalistes.

La situation politique en Italie, marquée par des rumeurs de chute prochaine du gouvernement, et l'impossibilité de maintenir sa participation dans Carige sous les 25% du capital au vu de l'évolution du dossier ont persuadé BlackRock de faire marche arrière, selon une source proche du dossier.

Dans le cadre du projet abandonné, BlackRock devait souscrire à une émission de titres Carige de 720 millions d'euros, et les grandes banques italiennes devaient convertir en actions 320 millions d'euros d'obligations hybrides de Carige acquises en novembre 2018. Mais sans investisseurs supplémentaires, BlackRock aurait dépassé le seuil des 25% du capital.

Carige a dit qu'elle cherchait sur les marchés d'autres solutions pour renforcer ses fonds propres, tout en ajoutant qu'elle pourrait aussi solliciter un soutien de l'Etat.

"Nous allons évaluer les autres solutions de marché destinée à garantir la stabilité et le redressement de Banca Carige", a déclaré la banque dans un communiqué. "Il demeure dans tous les cas possible d'activer (...) une demande de recapitalisation préventive auprès du ministère de l'Economie."

Le gouvernement italien a mis de côté un milliard d'euros pour financer l'achat de titres Carige au cas où la banque ne parviendrait pas à trouver de nouveaux investisseurs privés.

La BCE a fixé à mi-mai la date butoir pour la présentation par les investisseurs d'offres contraignantes pour Carige, ont précisé des sources. Elle a déclaré jeudi avoir été informée des derniers développements et être en contact avec les administrateurs spéciaux de la banque.

Carige, dont le principal actionnaire est la famille Malacalza, souffre depuis des années de problèmes d'administration et de sa forte exposition à la Ligurie, région du nord-ouest de l'Italie en proie à des difficultés économiques.

Plus généralement, les banques italiennes pâtissent ces derniers temps des incertitudes politiques et de la dégradation des perspectives économiques de l'Italie, ce qui a poussé à la hausse les rendements des emprunts d'Etat de la troisième économie de la zone euro et déprécié ainsi leurs importants portefeuilles obligataires.

Autre signe de l'impact du contexte politique et économique, UniCredit, première banque d'Italie en termes d'actifs, a annoncé mardi une réduction de son exposition à la dette souveraine italienne.

Son administrateur délégué Jean-Pierre Mustier a cependant assuré jeudi que "l'engagement (d'UniCredit) envers l'Italie n'a jamais été aussi fort".

(Avec Andrea Mandala, Bertrand Boucey et Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)