« Black Mirror » saison 6 : Comment Charlie Brooker s’est joué de Netflix, qui capitalise désormais dessus

Annie Murphy, ici dans l’épisode « Joan est horrible » de la saison 6 de « Black Mirror ».
Annie Murphy, ici dans l’épisode « Joan est horrible » de la saison 6 de « Black Mirror ».

SÉRIES TÉLÉ - Charlie Brooker continue sa satire des dérives de la technologie. Et pour cette sixième saison de Black Mirror, dont les cinq épisodes ont été mis en ligne autour de la mi-juin sur Netflix, le showrunneur britannique a décidé de s’attaquer à un géant du milieu : la plateforme de streaming Netflix, elle-même.

Et ce, dès l’épisode d’ouverture intitulé Joan est horrible dans une mise en abîme très maligne. On y suit une femme ordinaire - la fameuse Joan - qui, un beau soir, découvre que sa vie a été transformée en une série télé avec Salma Hayek.

Comme la quotidienne d’une émission de téléréalité, chaque épisode revient sur les événements de la journée de Joan. Ils sont proposés au visionnage le soir sur un site de streaming baptisé Streamberry, dont le logo et le « toudoum » font directement référence à Netflix.

Un récit inspiré de la série de Disney+ The Dropout et de la rapidité avec laquelle ses scénaristes se sont réapproprié les événements de la vie d’Elizabeth Holmes, ex-dirigeante de l’entreprise Theranos reconnue coupable de fraudes en 2022.

Dans Loch Henry, le second épisode, Streamberry revient. Mais cette fois, c’est pour faire l’acquisition d’un documentaire sur un fait divers qui a tourné au drame, le genre de « true crime » dont raffolent justement Netflix et ses abonnés. Une façon pour Charlie Brooker d’aborder cette habitude dérangeante pour transformer des histoires atroces en divertissement.

« Quand vous regardez ces films, vous vous convainquez que vous êtes devant une véritable œuvre d’art, commente le créateur de Black Mirror dans une interview pour WIREDMais vous êtes en vérité là pour assister à une scène de crime. »

Dans les deux cas, Charlie Brooker a été transparent avec Netflix. « On leur a dit : ’On a créé une plateforme de streaming appelée Streamberry... Est-ce qu’on peut la faire ressembler à Netflix ?’ Ils y ont réfléchi et sont très vite revenus vers nous – étrangement vite même – en disant : ’Oui allez-y.’ J’ai l’impression qu’il n’y a eu aucune résistance. », explique-t-il au magazine Empire.

Il poursuit : « C’était finalement assez décevant, parce que ça aurait été bien de pouvoir dire : ’Je l’ai fait quand même, sans leur accord, parce que je suis un anarchiste.’ Mais non. »

Netflix prend le pli

C’était mal connaître Netflix qui - sans surprise - a rapidement capitalisé sur la blague. Une plateforme fictive Streamberry a été créée, ce mardi 20 juin, et reprend tout des codes de Netflix. En se rendant sur la page, l’internaute est invité à rejoindre la « Streamberry Family ». On y renseigne son nom, on télécharge une photo. Et une fois les conditions d’utilisation (elles aussi fictives) signées, la page d’accueil de la plateforme réapparaît avec votre nom suivi de « IS AWFUL », comme dans le premier épisode de cette nouvelle saison de Black Mirror.

Streamberry existe (presque) vraiment.
Streamberry existe (presque) vraiment.

Netflix a communiqué dessus et en grand, comme en témoigne cette installation au cœur du Forum des halles, à Paris. « Le N, c’est le S », écrit la plateforme dans son tweet, en référence à l’expression « Le J, c’est le S » (« Jul, c’est le sang »).

Ce n’est pas une première. Netflix maîtrise l’art du marketing. Les divers jeux de piste et énigmes en ligne autour de la série Lupin avec Omar Sy peuvent en témoigner. Ce n’est pas Charlie Brooker qui va apprendre au vieux singe à faire la grimace.

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