Bill Clinton dit regretter d'avoir œuvré à dénucléariser l'Ukraine

"Les Ukrainiens avaient peur d'y renoncer parce qu'ils pensaient que c'était la seule chose qui les protégeait d'une Russie expansionniste". Dans un entretien accordé à la chaîne irlandaise RTÉ et publié ce mardi, Bill Clinton laisse entendre que Moscou n'aurait pas envahi l'Ukraine si Kiev disposait encore de sa force de dissuasion nucléaire.

"Je me sens personnellement concerné parce que j'ai obtenu (de l'Ukraine) qu'ils acceptent de renoncer à leurs armes nucléaires. Et aucun d'entre eux ne pense que la Russie aurait fait ce coup si l'Ukraine avait encore ses armes", déclare l'ancien président américain.

Respecter les frontières ukrainiennes

En 1994, il participe à la signature des mémorandums de Budapest, qui traitent de trois anciennes Républiques socialistes soviétiques: la Biélorussie, le Kazakhstan et l'Ukraine. Concernant cette dernière, Bill Clinton et les présidents russe, Boris Eltsine, et ukrainien, Leonid Kravchuk, signent un accord afin d'éliminer l'arsenal nucléaire encore stationné sur le sol ukrainien après la chute de l'URSS, dans un contexte de dénucléarisation du monde à la fin de la guerre froide.

Les mémorandums de Budapest accordent également des garanties d'intégrité territoriale: la Russie s'engage à respecter l'indépendance de l'Ukraine ainsi que sa souveraineté et ses frontières.

"Je m'en veux terriblement"

"Je savais que le président Poutine ne soutenait pas l'accord conclu par le président Eltsine pour ne jamais interférer avec les frontières territoriales de l'Ukraine - un accord qu'il avait conclu parce qu'il voulait que l'Ukraine renonce à ses armes nucléaires", confie Bill Clinton.

"Les Ukrainiens avaient peur d'y renoncer parce qu'ils pensaient que c'était la seule chose qui les protégeait d'une Russie expansionniste", ajoute-t-il.

"Lorsque cela l'a arrangé, le président Poutine a rompu le contrat et s'est emparé de la Crimée. Je m'en veux terriblement, car l'Ukraine est un pays très important", déplore-t-il également, ajoutant que le soutien de l'Occident à Kiev doit rester "inébranlable".

Article original publié sur BFMTV.com