Biden-Poutine: un face-à-face tendu et des questions qui fâchent

La rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine devrait être l'occasion de traiter de nombreux sujets de tension  - JIM WATSON, Alexander NEMENOV © 2019 AFP
La rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine devrait être l'occasion de traiter de nombreux sujets de tension - JIM WATSON, Alexander NEMENOV © 2019 AFP

Pas de promesse de rapprochement, mais une discussion très attendue. Après plusieurs jours d'échanges avec les dirigeants de l'OTAN et du G7, le président américain Joe Biden rencontrera ce mercredi son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un sommet à Genève qui sera scruté dans le monde entier. L'occasion pour eux d'évoquer les nombreux points de divergences entre les Etats-Unis et la Russie, sans pour autant se rapprocher réellement.

Car le ton a été donné ces derniers jours par Joe Biden. Pour lui, pas question de céder face à l'homme fort du Kremlin, son équipe ayant même fait savoir qu’il n’y aurait aucune tentative de relance de la relation car le contexte actuel "ne le permet pas", mais plutôt une discussion franche où le président américain compte bien expliquer quelles sont "ses lignes rouges".

La situation de Navalny suivie de près par Washington

Et les sujets sur lesquels la conversation pourrait tourner au vinaigre sont nombreux. D'abord, sur la crise en Ukraine et la situation en Biélorussie, où le gouvernement de Loukachenko mène depuis des mois une répression féroce contre l'opposition, sans aucune condamnation de son allié russe. Fin mai, le journaliste d'opposition Roman Protassevitch avait été arrêté à la suite d'un atterrissage forcé de l'avion où il se trouvait, ce qui avait suscité l'indignation sur la scène internationale.

Autre opposant qui devrait être au centre des débats: le russe Alexei Navalny, qui a été envoyé en colonie pénitentiaire après avoir survécu à une tentative d'empoisonnement en août 2020, dont il accuse le Kremlin d'être à l'origine. Mardi, depuis Bruxelles, Joe Biden a lancé un avertissement très clair au sujet du célèbre opposant:

"La mort de Navalny serait une autre indication que la Russie n'a aucune intention de respecter les droits humains fondamentaux. Cela serait une tragédie. Cela ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi".

Des propos qui font écho à ceux déjà prononcés par le président américain lors d'un entretien accordé à ABC News en mars dernier. Il avait alors approuvé le qualificatif de "tueur" pour qualifier son homologue russe, provoquant la première crise diplomatique entre les deux pays.

Accusations d'ingérence russe dans les élections américaines

Mais le point qui représente certainement le mieux la relation délétère entre Washington et Moscou reste les accusations de cyberattaques russes et d'ingérences dans les élections américaines. Les services secrets américains assurent que la Russie a joué un rôle dans l'élection de Donald Trump en 2016 mais aussi dans l'élection de 2020. Toujours sur ABC News, Joe Biden avait assuré que Vladimir Poutine "paierait les conséquences" de ces ingérences.

Et récemment, plusieurs cyberattaques massives touchant de grandes entreprises américaines comme SolarWinds, Colonial Pipeline ou JBS ont également été imputées à des groupes de hackers basés en Russie, ce qui avait poussé Joe Biden à signer des sanctions contre la Russie, et à expulser dix diplomates russes des Etats-Unis. Du côté de Moscou, on considère comme ce type d'accusations "grotesques", et Vladimir Poutine s'est exprimé à ce sujet cette semaine.

"Nous avons été accusés de toutes sortes de choses" comme "l'ingérence dans des élections" ou "des cyberattaques", a déclaré le président russe lundi sur NBC, affirmant que "pas une seule fois, ils n'ont pris la peine de produire la moindre preuve".

Après plus de cinq mois à la Maison Blanche, Joe Biden sait qu'il joue gros avec ce sommet. A Genève, le 46e président des Etats-Unis aura l'occasion de montrer ses talents de négociateur, et sait que face à son homologue russe, il devra montrer les muscles.

Vladimir Poutine, lui, a déjà côtoyé quatre autres présidents américains depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Et pour de nombreux experts, il a déjà obtenu ce qu'il désirait le plus avec la tenue de cette rencontre: montrer l'importance de la Russie sur la scène internationale.

Article original publié sur BFMTV.com