Biélorussie: Des milliers de manifestants dans les rues de Minsk, l'armée déployée

BIÉLORUSSIE: DES MILLIERS DE MANIFESTANTS DANS LES RUES DE MINSK, L'ARMÉE DÉPLOYÉE

MINSK (Reuters) - Des dizaines de milliers de manifestants antigouvernementaux ont envahi les rues de Minsk dimanche alors que l'armée revenait au premier plan de la crise politique biélorusse en indiquant qu'elle assurerait directement, et non la police, le maintien de l'ordre et la protection des monuments.

Les manifestations se succèdent dans la capitale biélorusse depuis la réélection controversée le 9 août dernier du président Alexandre Loukachenko, accusé par ses opposants d'avoir manipulé le scrutin.

Ce dernier, qui dirige son pays d'une main de fer depuis 26 ans, refuse de convoquer de nouvelles élections, ce que sa principale opposante, Svetlana Tsikhanouskaïa, réfugiée en Lituanie, appelle de ses voeux.

Les rues de Minsk étaient constellées dimanche de drapeaux rouge et blanc brandis par les manifestants comme autant de symboles de leur opposition au régime.

Ils se sont dirigés vers un monument dont l'accès est protégé par des membres des services de sécurité en tenue militaire, a constaté Reuters sur place.

Le ministère de la Défense a averti qu'il avait été chargé de la protection de ce type de monuments et que toute tentative des manifestants pour l'occuper serait réprimée par l'armée.

Décrivant les manifestants comme des "fascistes" et écrivant l'essentiel de sa déclaration en majuscules, le ministère de la Défense a déclaré que ces monuments, en particulier ceux qui rendent hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, étaient des lieux sacrés, qui ne devaient pas être profanés.

"NOUS AVERTISSONS CATÉGORIQUEMENT: EN CAS DE VIOLATION DE LA PAIX ET DE L'ORDRE DANS DE TELS ENDROITS - VOUS TROUVEREZ MAINTENANT L'ARMÉE FACE À VOUS ET NON LA POLICE."

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur biélorusse a averti que toute manifestation non autorisée était supposée illégale, ajoutant que 22 personnes avaient été interpellées la veille lors de rassemblements dans 55 villes du pays.

La Russie, puissante voisine et traditionnelle alliée de Minsk, a tenu dimanche par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, de virulents propos à l'égard de Svetlana Tsikhanouskaïa.

"Il semble qu'elle n'ait pas été autorisée à se calmer et elle a commencé à faire des déclarations politiques sévères, exigeant des départs, des grèves, des manifestations", a dit le chef de la diplomatie russe, cité par l'agence de presse RIA.

"Le fait qu'elle fasse ses déclarations de plus en plus fréquemment en anglais est également significatif", a ajouté le ministre, qui accuse le programme politique de l'opposante de promouvoir un sentiment anti-russe et un rapprochement avec l'Union européenne et l'Otan.

De l'avis de Sergueï Lavrov, il n'y a aucun moyen de prouver qu'Alexandre Loukachenko n'a pas remporté les élections du 9 août, qui se sont déroulées en l'absence d'observateurs internationaux.

(Andrei Makhovsky et Polina Ivanova, version française Jean-Michel Bélot et Elizabeth Pineau)