Bestiaire linguistique − Comme chiens et chats (3/5)

Que seraient nos réunions en visio, s’il n’y avait pas les chats pour marcher impérieusement sur le clavier de leurs humains ? À quoi peut bien penser Maurice, quand il tourne en rond dans son bocal ? Les animaux domestiques occupent une place centrale dans nos vies, plus encore depuis la pandémie : une importance dont on trouve des traces dans le langage, et pas seulement en français. Ce troisième épisode de notre bestiaire linguistique leur est consacré. Nous entendons d’ici vos cris d’orfraie : oui, nous avons pris parti dans la guerre vieille comme le monde entre les chats et les chiens. Mais, rassurez-vous, il y en a − quand même − pour tous les goûts.

Cet épisode contient douze mots et expressions dans sept langues différentes :

  • Naschkätzchen : en allemand, ce mot, qu’on pourrait traduire par “chaton gourmand”, désigne les amateurs de sucreries. L’équivalent de nos becs sucrés en français.

  • Hundemüde : une expression allemande qui veut dire “fatigué comme un chien”, c’est-à-dire vraiment crevé.

  • Das geht ab wie Schmitz Katze : pour dire que quelqu’un est parti au quart de tour ou que quelque chose est allé très vite, on peut dire en allemand que ça a “détalé comme le chat des Schmidt” − un nom de famille très courant outre-Rhin.

  • Xī Māo (吸猫) : littéralement “sniffer son chat”, en mandarin. Une expression chinoise utilisée pour dire qu’on apprécie le fait de rester chez soi et de passer du temps avec son félin de compagnie.

  • Hachiko (ハチ公) : au Japon, ce chien est devenu un véritable emblème de la gare de Shibuya, à Tokyo. Il s’y est rendu chaque jour pendant dix ans après la mort de son maître, qu’il avait coutume d’accompagner sur son chemin vers le travail. Sa fidélité lui a valu le surnom de Chūken (忠犬), soit “chien fidèle”, et une statue de bronze a été érigée à son effigie près d’une sortie de la gare, qui a été baptisée Hachikō-guchi (ハチ公口), ou “sortie Hachiko”.

  • Oyen : c’est un surnom affectueux donnés aux chats roux, particulièrement appréciés en Malaisie. Dans ce pays à majorité musulmane, les chats sont adulés car on les considère comme l’animal préféré du prophète. Le surnom est un dérivé du mot oren, qui veut dire “orange”.

  • Negro Matapacos : au Chili, ce chien à l’origine appelé “el negro” − “le noir” − a hérité du surnom de “tueur de flics” après avoir participé à de grandes manifestations étudiantes en 2011 pour demander une réforme du système éducatif. Rassurez-vous, il n’a tué personne : la légende dit qu’il aurait simplement aboyé sur des policiers pendant les manifestations, se rangeant du côté des étudiants.

  • Loukanikos (Λουκάνικος) : en Grèce, ce mot désigne de petites saucisses très populaires, mais aussi un chien devenu une mascotte des manifestations de 2011 contre les mesures d’austérité imposées par l’UE.

  • Patron : encore un chien devenu mascotte, mais cette fois en Ukraine. Ce chien de l’armée ukrainienne a reçu en mai 2022 la médaille du dévouement de la part du président Zelensky, après avoir détecté 236 explosifs russes.

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