Bernaudeau sur Alaphilippe: "Julian a mon téléphone, il m’aime bien, donc j’attends son appel"

Bernaudeau sur Alaphilippe: "Julian a mon téléphone, il m’aime bien, donc j’attends son appel"

On vous sait depuis longtemps prêt à accueillir Julian Alaphilippe (Soudal – Quick Step), est-ce que le dossier avance avec ces rumeurs de fusion ?

Absolument pas, et sur ce dossier on est transparents avec notre sponsor. Quand je l’ai contacté il y a quelques mois, il m’a dit qu’il était encore sous contrat jusqu’à fin 2024 et qu’aucune discussion n’était possible. Donc je suis très surpris de la situation aujourd’hui et de cette possible fusion. Il y’a quelques mois la discussion n’a pas pu aller plus loin et aujourd’hui on voit qu’il y a des équipes qui font des propositions tout en étant capables de disparaître. Ça ne me paraît pas très sérieux tout ça. Mais je suis dans une situation où j’attends de savoir si cette fusion avance. On verra si Julian est disponible, et si oui à combien. Dans ce cas-là on négociera avec lui.

Vous avez essayé de le joindre ces derniers jours ?

Non, là je ne veux pas jouer, car toutes ces histoires me déplaisent. Je pense que Patrick Lefevere (Manager Général de la Soudal - Quick Step) l’a assez malmené dans la presse au printemps et c’était mon idée il y a quelques mois de lui dire "Est-ce qu’il n’y a pas moyen d’ouvrir la discussion puisque ton patron te critique ouvertement ?". Mais il n’y a pas eu de discussion donc aujourd’hui je ne bougerai pas. J’attends que le téléphone sonne. Julian il a mon téléphone, il m’aime bien donc affaire à suivre.

"J'adore Julian, c'est un très grand champion mais il faut être raisonnable"

Juridiquement y aurait-il des contraintes pour pouvoir l’embaucher si son contrat avec Soudal – Quick Step devenait caduque ?

Il y a des lois, des règlements, mais en l’espèce, on a aucune contrainte pour embaucher Julian Alaphilippe puisque notre effectif n’est pas encore au complet. Le règlement nous interdit d’aller au-dessus de 30 coureurs et nous en avons 22 pour l’instant pour la saison prochaine. Il y a uniquement la question de la garantie bancaire que l’on doit déposer rapidement et qui doit absolument couvrir la masse salariale qui bien sûr avec Julian augmenterait. Il faudrait que son embauche se fasse à un salaire au prix du marché, ce qui engendrerait une nouvelle garantie bancaire, mais je pense que ce n’est pas trop un problème de la faire bouger.

Ça veut dire quoi "au prix du marché" ? Vous ne l’embaucheriez pas à n’importe quel prix ?

Moi j’adore Julian, je lui parle souvent on a eu beaucoup d’échanges par le passé, je lui parle et je lui ai parlé il y a quelques mois pour cette négociation qui n’a pas abouti. Mais je ne fais pas n’importe quoi, il faut que ce soit très cohérent par rapport au reste de l’équipe. Julian, c’est un très grand champion qui fait plaisir aux gens c’est un attaquant mais il faut quand même être raisonnable et surtout je peux vous l’annoncer, je ne rachèterai pas son année de contrat, ça c’est hors de question.

"On parle beaucoup d'argent, et on est en train de perdre nos valeurs fondamentales "

Comment voyez-vous avec votre œil de patron d’équipe, qui se bat depuis des années pour trouver et renouveler des sponsors, cette fusion éventuelle entre deux des plus grosses écuries du peloton international ?

Le cyclisme a des atouts considérables. C’est le seul sport qui va au-devant du public. Mais il y a deux problèmes majeurs aujourd’hui : la crédibilité et l’attractivité. Alaphilippe, Van Aert, Van der Poel sont des gens qui ont de l’attractivité. Si on a ce genre d’équipes monstres qui se créent et qui prennent tous les plus grands noms, ça va enlever tout suspense au cyclisme. Il ne sera plus, ni crédible ni attractif. Cette fusion ce n’est pas le cyclisme que j’aime.

On sent une sorte de sentiment d’injustice dans ce que vous dites…

Non c’est juste qu’il faut que ça se sache. Mon cyclisme c’est la formation, la détection. Mathieu Burgaudeau m’a donné beaucoup de joies cette année, et je sais que c’est ma voie pour continuer à grandir. Comme disait Nelson Mandela, "le sport peut faire naître l'espoir là où régnait le désespoir." Et aujourd’hui on parle beaucoup d’argent, beaucoup de business et on en train de perdre nos valeurs fondamentales.

Vous voulez dire que tout le monde dans le vélo n’a pas les mêmes valeurs ?

Il y a des gens qui n’ont pas la même vision que moi du vélo mais ce n’est pas très grave. Moi j’affirme. Je ne donne pas de leçon je veux juste affirmer ce que je pense. Je l’ai toujours dit : "le business sera bon si le sport reste prioritaire" et je reste là-dessus. J’ai mon équilibre, j’ai mon histoire, je ne veux pas les toucher et je ne veux surtout pas changer une virgule sur mon éthique. Au delà du cas de Jumbo et de Quick Step, aujourd’hui on a quand même des équipes qui sont soutenues par des pays (UAE Team Emirate, Barhain-Victorious, etc.) et dont les budget sont illimités. Le fossé se crée entre celles-ci et la majorité des autres

Article original publié sur RMC Sport