« Bernanos éclaire les événements que nous sommes en train de vivre »

Sébastien Lapaque en mai 2002 à Strasbourg.  - Credit:Thomas Wirth/AFP
Sébastien Lapaque en mai 2002 à Strasbourg. - Credit:Thomas Wirth/AFP

Quand tout bouge autour de nous, il y a toujours, inflexible, Georges Bernanos. Il est un port d'attache, une présence salutaire qui ramène le lecteur à ces « grandes petites choses » qui aident à vivre. « Quand une phrase d'un livre vient vous chercher dans votre nuit et vous porter secours, alors il n'y a pas à s'y tromper : le signe de la grandeur est sur ce livre-là », écrivait Georges Hyvernaud (1902-1983), contemporain de Bernanos.

À LIRE AUSSILapaque, le fils de Bernanos

Chez l'auteur des Grands Cimetières sous la Lune (1938), on ne sait si c'est l'homme ou l'œuvre qui vient porter secours. Il est seulement frappant de constater qu'il était dans la vie comme il était dans ses livres. Cela pourrait paraître évident, mais il n'en est rien : bien des auteurs se trouvent éloignés des principes qu'ils édictent dans leurs livres pour flatter l'éditeur ou les humeurs d'une époque. Nous les voyons tous les jours, ces « imbéciles » – qualificatif cher à Bernanos.

« À portée des passants »

À son retour du Brésil, en juillet 1945, Paris a voulu l'honorer. La Légion d'honneur, il l'a méprisée. Le chemin de l'Académie française, que beaucoup de ses pairs lui ont indiqué, il l'a refusé. C'était déjà, pour lui, le chemin de la corruption morale. En son temps, André Gide, Ernest Renan et Anatole France incarnaient ce que Bernanos détestait le plus : l'adhésion aux modes, les affectations et la destruction du sacré par pure coquetterie : « Le bonhomme France et le bonho [...] Lire la suite