Benoît Magimel, de la famille Groseille à la course aux Oscars

Ils se sont rencontrés en 1998 sur le tournage des « Enfants du siècle » (lui, Musset ; elle, Sand). Benoît Magimel et Juliette Binoche se retrouvent pour « La Passion de Dodin Bouffant ». - Credit:
Ils se sont rencontrés en 1998 sur le tournage des « Enfants du siècle » (lui, Musset ; elle, Sand). Benoît Magimel et Juliette Binoche se retrouvent pour « La Passion de Dodin Bouffant ». - Credit:

Fin août 1987. Devant l'hôtel Holiday Inn de Villeneuve-d'Ascq, un gamin de 13 ans, corps gracile et cheveux en pétard, attend la voiture qui doit le ramener à Paris, chez sa mère, et à sa vie de collégien abonné aux bulletins médiocres. Il vient de gagner 30 000 francs en incarnant, pour le premier long-métrage d'Étienne Chatiliez, un certain Momo Groseille/Le Quesnoy et il s'est amusé comme un fou. Les autres mômes de la production devenus ses copains, l'hôtel 3 étoiles avec piscine où ils étaient logés, la caméra, surtout, qui ne l'a nullement impressionné : c'est son premier tournage mais aussi les vacances les plus démentes qu'il ait jamais passées. Il ignore alors que La vie est un long fleuve tranquille, avec ses quatre césars et ses 4 millions d'entrées, va devenir un film culte. Ce qu'il sait juste, c'est qu'il va tout faire pour recommencer…

Trente-six ans plus tard, on ne peut s'empêcher de chercher ce qu'il reste du petit Momo mal peigné chez cet homme mûr à la silhouette massive et aux épaules un peu rentrées qui salue poliment, installé à la terrasse d'un café parisien. Sans doute cette façon de plisser les yeux comme s'il avait le soleil en pleine face alors que le temps est au gris : à 13 ans, il les plissait déjà comme ça. Et puis ce grésillement plein de charme et si reconnaissable, cette voix éraillée exactement comme à ses débuts, peu importe qu'il ait mué, vieilli, changé. Depuis cet été 1987 où il s'est juré de continuer à tourner, Ben [...] Lire la suite