« La beauté de Delon suggère une tristesse profonde »

Alain Delon dans Plein soleil, honni par la Nouvelle Vague.  - Credit:ROBERT ET RAYMOND HAKIM / PARIS / Collection ChristopheL via AFP
Alain Delon dans Plein soleil, honni par la Nouvelle Vague. - Credit:ROBERT ET RAYMOND HAKIM / PARIS / Collection ChristopheL via AFP

Le livre s'ouvre par la définition d'un adjectif inventé, mais qui se devait de l'être. « Delonien, delonienne : caractère ou attitude qui relève d'un rapport exacerbé et solennel au sens funèbre de la beauté. »

Dans Delon en clair-obscur, publié aux éditions Mareuil, le journaliste et réalisateur Laurent Galinon dresse le portrait, par touches, de l'acteur de 88 ans, déifié au Japon, adoré chez nos voisins italiens, mais dont l'image s'est sclérosée dans son pays. Delon l'esthète, l'amoureux de l'art, le tourmenté, le sentimental, l'apparition romantique et mélancolique sur grand écran.

Le Point : Dans votre ouvrage, vous donnez à voir un homme complexe et sensible, assez loin de l'image virile dans laquelle les années ont enfermé Alain Delon.

 - Credit: ©   Corinne Maret.
- Credit: © Corinne Maret.

Laurent Galinon © Corinne Maret.Laurent Galinon : La figure d'une star n'appartient pas à son propriétaire mais à celui qui le regarde. Concernant Alain Delon, plusieurs qualificatifs ont à la fois construit et abîmé son mythe. On le réduit à un homme viril, séducteur, orgueilleux, cyclothymique, mégalomane, réac. On proclame ici et là que son cinéma est violent et commercial. À mon sens, Delon a été victime de son image et il était essentiel de montrer une autre facette, celle d'un homme fidèle, généreux, émotif, émouvant. Sentimental, comme, je pense, son cinéma l'est. C'était important pour moi de raconter ce Delon-là à ma génération, ces trentenaires qui insistent sur la vertu et se privent parfois des films de [...] Lire la suite