Cette BD raconte comment la guerre entre Israël et le Hamas s’immisce jusque sous la couette

BANDE DESSINÉE - Aux Oscars et à l’Eurovision, dans une blague sur France Inter et maintenant sous la couette. Six mois après l’attaque du 7 octobre, c’est désormais sous l’angle des relations amoureuses et sexuelles que s’observe le conflit entre Israël et le Hamas, dans une bande dessinée parue en ce début de mois d’avril.

Son titre ? Amour, sexe et terre promise. Publiée aux éditions des Arènes, elle a été écrite par la journaliste française et ex-correspondante des territoires occupés Salomé Parent-Rachdi. Les dessins, eux, sont de Deloupy.

Pendant deux ans, la reporter a recueilli les témoignages intimes (et parfois poignants) des habitants des deux côtés de la frontière, arabes ou juifs. Elle en a sélectionné quatorze. Quatorze récits d’amour ou de sexe pour la plupart frustrés, contraints ou empêchés de s’exprimer à cause de nombreux facteurs, comme le patriarcat, le conservatisme de la religion ou la guerre.

Le mariage de Lucy Aharish et Tsahi Halevi

De Tel Aviv à Jérusalem, en passant par Gaza ou Naplouse : Salomé Parent-Rachdi nous emmène dans sa voiture sur la route, à la rencontre de ses témoins. Parmi eux, il y a Lana, 34 ans. Elle fait partie des 20 % d’Arabes à vivre en Israël. Parce qu’elle en avait marre du racisme ambiant, la blonde aux yeux bleus a décidé de dissimuler son identité pendant les rencards.

L’histoire de Lucy Aharish et Tsahi Halevi est, elle, bien médiatisée dans l’État hébreu. Connu pour son rôle dans la série Fauda, il est juif. Elle, musulmane. Leur mariage en 2018 - qu’ils ont caché jusqu’au dernier moment - s’est attiré de nombreuses foudres. En 2015, sur 58 000 mariages en Israël, seules 23 étaient des unions entre Juifs et Arabes, nous rappelle le livre.

Et puis, il y a Avi, un homme dans la vingtaine qui découvre les plaisirs du sexe après s’être affranchi de sa communauté orthodoxe, mais aussi Fathiya, une Palestinienne qui nous raconte comment elle a obtenu le sperme de son mari emprisonné pour se faire inséminer en clinique. « Quand des enfants naissent comme ça, tout le monde parle de la résistance », confie-t-elle.

L’après 7 octobre

Et alors que Mohammed témoigne à Salomé Parent-Rachdi des divers stratagèmes pour coucher avec des hommes quand on est gay sans se faire prendre par le Hamas à Gaza, l’actrice et réalisatrice « lesbienne palestinienne » Samira Saraya revient plus longuement sur son histoire d’amour avec une officière du renseignement de l’armée israélienne.

Comme ce témoignage (dont nous n’avons, ici, retranscrit que quelques pages), tous montrent comment la guerre et ses conséquences contraignent d’une manière ou d’une autre les relations, les sentiments et les plaisirs.

Ils ont été recueillis par la journaliste bien avant l’attaque du 7 octobre commise par le Hamas, et qui a conduit à une nouvelle étape sanglante dans le conflit avec les représailles israéliennes en Palestine. Le contexte n’est pas ignoré, il est rappelé dès les premières pages de la bande dessinée.

Où sont les témoins aujourd’hui ? Comment vont-ils ? Si tous n’ont pas voulu (ou pu) répondre, ils sont plusieurs à exprimer leur désespoir et leur colère en épilogue. Les témoignages qu’ils livrent dans Amour, sexe et terre promise donnent à voir la guerre entre Israël et le Hamas sous un jour nouveau, plus nuancé, loin des discussions animées en plateau télé et des analyses géopolitiques froides.

La bande dessinée Amour, sexe et terre promise : reportage en Israël et Palestine, de Salomé Parent-Rachdi et Deloupy, est disponible en librairie aux éditions des Arènes, depuis ce jeudi 4 avril.

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