Mari survivaliste, clés de voiture disparues... Derrière la disparition de Laure Zacchello, un féminicide dissimulé?

"Ce we, j’ai vécu une situation relationnelle très stressante pour ne pas dire terrorisante, où je me suis retrouvée sans capacité de m’extraire physiquement et sans moyen de communication avec l’extérieur... J’ai eu très peur pour ma vie et même celle de mes 3 enfants." Ce commentaire sur le compte Instagram de Laure Zacchello publié le 29 janvier dernier résonne tragiquement alors que les espoirs de retrouver vivante cette mère de famille de 43 ans sont faibles.

Laure Zacchello, portée disparue depuis le 21 juin dernier, est "probablement décédée à ce jour, possiblement victime d’un homicide volontaire par son conjoint", soufflait jeudi le procureur de la République de Bayonne lors d'une conférence de presse revenant sur les différents événements qui ont mené à la mise en examen pour "meurtre par conjoint" du mari de cette femme. Reste une zone d'ombre dans ce dossier de probable féminicide. En l’absence de corps, "aucune hypothèse ne peut être exclue", prévient encore Jérôme Bourrier.

Le mari appartient à la mouvance survivaliste

Vendredi 21 juin, le mari de Laure Zacchello est découvert inconscient devant son domicile d'Urrugne, dans le Pays-Basque. Il présente une plaie à l'arrière de la tête, un morceau de parpaing est retrouvé à proximité. À l'intérieur de la maison, tout semble en ordre: aucun signe d'effraction, aucun signe de lutte. Laure Zacchello est absente, mais son sac à main, ses deux téléphones portable et sa carte bleue sont retrouvés à l'intérieur. L'hypothèse d'un cambriolage ou d'une disparition volontaire s'éloigne. D'autant que son véhicule est stationné devant la maison. Il est verrouillé, les clés ont disparu.

Le mari est placé en garde à vue. Face aux enquêteurs, il reste froid, mutique. Il ne semble pas non plus se soucier de ce qui a pu arriver à sa femme. Après plusieurs heures de garde à vue, il craque, éclate en sanglot et dit qu'il s'exprimerait le lendemain. Ce qu'il ne fait pas expliquant désormais "ne se souvenir de rien". Toutefois, il va mener les enquêteurs de la police judiciaire jusqu'à l'une de ses caches dans la campagne basque. Les policiers découvrent alors une tout autre facette de leur suspect.

Ce professeur d'EPS de 43 ans, décrit comme sportif, est aussi adepte de la chasse et du tir sportif. Il détient légalement un important arsenal qu'il rangeait à son domicile dans deux armoires verrouillées, situées dans la chambre parentale. À l'arrivée de la police, les portes de ces casiers, qui n'ont pas été forcées, sont ouvertes. Plusieurs armes de guerre ont disparu. Des pistolets mitrailleurs et automatiques aussi.

L'homme appartient à la mouvance survivaliste. Dans ses caches, il dissimule des rations de survie et du matériel en cas de crise extrême. Il pratiquait des raids dans la nature. La justice le soupçonne alors d’avoir dissimulé le corps de sa femme dans l'une de ses caches ou un endroit reculé dont il pourrait avoir connaissance. D'ailleurs, quand il est découvert blessé à la tête - blessures qu'il aurait pu s'être infligées seul - il porte des traces de griffures et d’ecchymoses qui peuvent correspondre à un passage dans les ronces ou une végétation dense.

"Terrorisée"

À ces éléments, l'enquête auprès des proches de la famille va éclairer sur un contexte familial difficile. La mère de famille de trois enfants âgés entre 5 et 9 ans vit dans la peur depuis plusieurs mois, et sa séparation en février d'avec son mari et père de ses enfants. Pour ne pas perturber l'équilibre des enfants, le couple décide d'alterner leur garde dans leur maison d'Urrugne. Le début du calvaire pour cette infirmière de formation qui a ouvert un cabinet de "psychogénéalogie".

Laure Zacchello est "terrorisée" par celui avec qui elle partageait sa vie depuis dix ans. Aux premiers jours de leur séparation, le couple se dispute. Le mari tente de s'emparer du sac à main de sa femme, "et elle l'aurait mordu", relate le procureur de la République de Bayonne. "La phrase qui m'aide souvent dans une situation pour savoir si elle est juste pour moi, c'est: 'Est-ce que tu te vois toujours vivre 'ça' dans 1, 5, 10 ans? En serais-tu satisfaite, nourrie, joyeuse, fière? Pourrais-tu mourir sans regret?", se confie-t-elle en mars sur son compte Instagram.

Un appel à témoins lancé

Dans les semaines qui vont suivre, des objets ont disparu dans son local professionnel, dont son ex-compagnon détient les clés. Il a également modifié le code de son téléphone portable. Pour se protéger, la mère de famille a fait l'acquisition d'une caméra portative qu'elle transporte dans son sac. Quand elle garde les enfants du couple au domicile familial, elle dort avec eux dans le salon, après avoir éparpillé des affaires au sol pour l'alerter si son mari s'introduit dans la maison. Elle a signalé auprès des gendarmes une situation de harcèlement mais Laure Zacchello n'a jamais souhaité porter plainte.

Désormais, les enquêteurs mettent tous les moyens pour la retrouver. "Il faut la retrouver à tout prix", martelait jeudi le chef du Service interdépartemental de police judiciaire. De nombreuses fouilles et battues sont menées. Ils comptent aussi sur les témoignages: un appel à témoins a été lancé pour tenter d'obtenir des informations sur le véhicule de Laure Zacchello, qui aurait pu être utilisé par son mari et ainsi localiser la mère de famille.

Article original publié sur BFMTV.com