La BBC a vérifié et documenté la mort de 25 000 soldats russes

Nikita Lobourets, membre des forces spéciales, a été tué le 20 mai 2022 dans un village de l’est de l’Ukraine. Il avait 21 ans. Près d’une année plus tard, les proches d’Alexandre Zoubkov ont appris sa mort au plus fort des combats à Bakhmout. À 34 ans, il purgeait une peine de neuf ans pour une affaire de drogue et avait rejoint le Groupe Wagner avec l’espoir de recouvrer la liberté après six mois de service.

“Ce ne sont que deux des 25 000 combattants qui ont été identifiés par la BBC, Mediazona, un média russe indépendant, et une équipe de volontaires, à l’aide d’informations provenant de rapports officiels, des journaux, des réseaux sociaux et de nouvelles tombes et monuments”, explique la BBC en introduction de cette enquête.

Un travail entamé dès le premier jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe car, explique le site du média britannique, “historiquement, la Russie a toujours maintenu une incroyable chape de plomb sur ses pertes en temps de guerre”.

“Troupes jetables”

Le travail mené par la BBC fournit “des preuves concrètes des répercussions de la guerre sur les forces russes”. Les données recueillies mettent aussi en lumière les changements de la physionomie de l’armée russe au fil des mois de guerre. Nikita Lobourets et Alexandre Zoubkov illustrent ces changements :

“Plus le chiffre des tués augmente, plus l’armée russe devient une machine de guerre âgée et moins bien entraînée.”

Alexandre Zoubkov et les hommes comme lui sont utilisés en quelque sorte comme des “troupes jetables”, écrit la BBC, citant Jack Watling, du think tank Royal United Services Institute, spécialisé dans les questions de défense. “Ils les envoient sur le front en sachant qu’ils vont se faire tuer, explique-t-il. Et donc, l’armée russe consomme les troupes de ce type à un rythme considérable.”

Et ce changement de tactique apparaît dans le décompte des morts. Au cours des trois derniers mois, la BBC a comptabilisé 1 236 tués parmi les prisonniers, 780 parmi les civils mobilisés, 752 parmi les mercenaires de Wagner et 148 officiers. En comparaison, au cours des trois premiers mois, 792 officiers et 22 hommes du groupe d’Evgueni Prigojine avaient trouvé la mort au front, mais aucun prisonnier ou civil mobilisé.

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