Bayonne : une restauratrice jugée pour avoir refusé l'accès à une cliente voilée

Le fils de la femme voilée avait diffusé l'échange avec la restauratrice sur les réseaux sociaux. - DR

En mai dernier, une mère et son fils s'étaient vus refuser l'entrée dans un restaurant d'Hendaye. La propriétaire leur reprochait que cette dernière soit "habillée comme dans la Préhistoire".

La propriétaire d'un restaurant du front de mer d'Hendaye est jugée ce mardi par le tribunal correctionnel de Bayonne pour "discrimination fondée sur la religion réelle ou supposée" d'une personne. En mai dernier, elle avait refusé l'accès de son établissement à une mère et son fils au motif que cette dernière était voilée.

Le 29 mai dernier, un homme et sa mère souhaitaient s'attabler pour le dîner au restaurant "Chez Patxi", face à la mer à Hendaye. Le fils avait réservé une table depuis une semaine. Une surprise, avait raconté ce dernier au journal Sud-Ouest. Mais arrivés devant l'établissement, la restauratrice leur interdit d'entrer car la femme porte un voile "qui ne dissimulait pas son visage", assure-t-il.

"Habillé comme dans la préhistoire"

Dans une vidéo tournée par l'homme et diffusée à l'époque sur les réseaux sociaux, on voit la restauratrice expliquer son refus à la porte du restaurant, par le fait que la femme "est vêtue comme dans la préhistoire".

- "Si vous avez le droit à ça (une croix catholique en médaillon, NDLR), pourquoi elle n'aurait pas le droit à ça (le voile, NDLR). On est clients chez vous, vous êtes professionnelle, vous n'avez pas à faire ça", s'agace le fils. - "S'il vous plaît, c'est le jour que vous venez habillé comme dans la préhistoire, comme votre maman...", explique la restauratrice, au fort accent espagnol.

"Outil de soumission"

L'homme et sa mère ont porté plainte au commissariat de Pau. La restauratrice de 58 ans avait été placée en garde à vue et déferrée devant le parquet de Bayonne qui a convoqué le quinquagénaire devant le tribunal correctionnel. Le critère de la discrimination fondée sur la religion a été retenu par le parquet.

Contactée par Sud-Ouest, la restauratrice expliquait refuser tout "ce qui peut s’apparenter à un outil de soumission de la femme".

"Chez moi, vient qui veut. Mais en totale liberté. Cette dame était prête à enlever son voile, mais c’est son fils qui a refusé", avait-elle affirmé.

Pour ces faits, elle encourt jusqu'à 5 ans de prison et une peine d'amende de 75.000 euros.

La vidéo, datant de mai dernier, était devenue largement virale. Les établissements mitoyens de celui de la restauratrice jugée, mais aussi des entreprises portant le même nom que le restaurant, avaient reçu des menaces et des commentaires négatifs.

Article original publié sur BFMTV.com

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