Barça-PSG: le jour où le FC Metz a réussi une remontada en terre catalane

C’est l’exemple à suivre. Mardi soir, au moment de procéder à sa dernière causerie dans le vestiaire du stade olympique de Montjuïc, où le Barça reçoit ses adversaires cette saison durant les travaux au Camp Nou, Luis Enrique aura peut-être un mot pour Luc Sonor, Philippe Hinschberger ou l’immense Tony Kurbos.

Des noms qui n’évoquent sans doute aucun souvenir aux plus jeunes, mais qui ont pourtant marqué l’histoire du football européen. A l’heure où le PSG fait face à un sacré défi, celui de renverser Barcelone pour rejoindre le dernier carré de la Ligue des champions après sa défaite 3-2 à l’aller, il est bon de rappeler qu’une équipe française a déjà réussi à éliminer le géant catalan chez lui. C’était le 3 octobre 1984. Et parler d’exploit n’est pas trop fort pour qualifier la performance accomplie ce jour-là par les ouailles de Marcel Husson, ancien défenseur des Grenats devenu entraîneur de son club de cœur.

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Un Camp Nou quasiment vide et un exploit impensable

A l’époque, le FC Metz, menacé quelques mois plus tôt de déposer le bilan, a gagné le droit de disputer la fameuse Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe après avoir soulevé la Coupe de France contre Monaco. Sans pitié, le tirage au sort place sur leur route le Barça et ses neuf titres de champion d’Espagne. Un autre monde. Et la crainte, même si Diego Maradona n’est plus là, de prendre une terrible rouste lors de ces seizièmes de finale. A l’aller, la chaude ambiance de Saint-Symphorien ne suffit pas à faire taire les pronostics. Emmené par Bernd Schuster, milieu de génie et enfant terrible du foot allemand, le Barça repart de Lorraine avec un succès 4-2 et la certitude d’avoir plié l’affaire. La confiance est telle pour ce match retour que le Camp Nou se retrouve dépeuplé.

"Ça s’est manifesté dans les déclarations d’avant-match, le large turn-over effectué par le coach (Terry Venables) ou même dans l’affluence au stade, il devait y avoir 20.000 spectateurs alors que le Camp Nou peut en contenir 100.000, ils étaient sûrs de leur victoire et n’avaient visiblement pas envie de défendre", racontait Philippe Hinschberger, actuel coach des Chamois Niortais, dans les colonnes de Ouest-France en 2021. Côté français, l’ambition reste simple : limiter la casse et éviter une valise. "On était le Petit Poucet et on partait là-bas pour essayer de ne pas prendre plus de trois buts", plaisantait l'ex-défenseur messin Alain Colombo auprès de RMC Sport en 2019.

Puisque l’idée est avant tout de se faire plaisir, les Messins ont invité leurs familles sur place et pris le temps de visiter la salle des trophées. Sans oublier de faire un crochet au tournoi de tennis de Barcelone pour voir Björn Borg taper la balle à l’entraînement. Tous ont des étoiles plein les yeux, loin d’imaginer tout scénario ressemblant à une victoire en terre hostile. Même avec un onze remanié, Barcelone ouvre d’ailleurs le score. Mais au lieu d’assister à une nouvelle démonstration, le match prend vite une tournure inattendue. En deux minutes, Kurbos fait trembler les filets et pousse le Barcelonais Tente Sánchez à en faire autant. 2-1 à la mi-temps, l’exploit prend forme.

Le récital du magicien Kurbos

"Ils étaient hautains sur le terrain. Et ils nous prenaient par-dessus la jambe. Quand tu es le Barça, tu peux rater une ou deux actions chaudes, mais pas trois, quatre, cinq… Et bizarrement, quand le vent a commencé à tourner, Schuster souriait beaucoup moins et a passé son temps à nous insulter", se remémorait en 2014 à So Foot Vincent Bracigliano, titulaire au milieu ce soir-là. Métamorphosés, les hommes du président Carlo Molinari donnent l’impression de marcher sur l’eau. Rien ne peut leur arriver. Le troisième but arrive dès le retour des vestiaires, et il est encore l’œuvre du magicien Kurbos. Sur un petit nuage, l’attaquant allemand naturalisé français ne peut s’arrêter là. Et à la 85e, c’est encore lui qui finit le travail et assomme pour de bon un Barça écœuré dans l'autre surface par la muraille Michel Ettorre.

"Ils ont été maladroits, inefficaces et sont tombés sur un incroyable Michel Ettorre dans nos buts. Nous, on marque quatre buts sur trois occasions et demie. On avait une belle équipe avec Tony Kurbos devant, Jules Bocandé et surtout Jean-Paul Bernad, un numéro dix à l’ancienne. (…) Kurbos n’était pas un athlète comme Mbappé mais il avait en commun une qualité de vitesse exceptionnelle", détaillait Hinschberger auprès de Ouest-France. "Lors du match aller, nous leur avions donné trois buts sur quatre et la différence dans le domaine technique n’était finalement pas si flagrante. Nous avions deux fusées en attaque, à savoir Kurbos et Hinschberger. On avait confiance en cette équipe, on savait que ces garçons avaient du cœur", confirmait le boss Molinari.

A 4-1, la fin de match vire à l’épique. Alors que les socios sont déjà rentrés chez eux, les Grenats tiennent bon et plongent dans l’euphorie la plus totale au coup de sifflet final. Rien de comparable toutefois avec le retour triomphal à Metz, à 4h du matin, au milieu de centaines de fans ivres de bonheur. Le rêve prendra fin dès le tour suivant. Avec une élimination face au Dynamo Dresde. Une équipe de RDA. Oui, bel et bien une autre époque.

Article original publié sur RMC Sport