Baiser forcé de Rubiales : en Espagne, le Parquet ouvre une enquête pour « agression sexuelle » présumée

Le patron du football espagnol, Luis Rubiales, dont le baiser forcé à la championne du monde Jenni Hermoso a suscité une vague d’indignation, est dans le viseur de la justice.

Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole de football, avant Espagne-Suède au Mondial féminin à Auckland, le 15 août 2023.

ESPAGNE - Après le baiser forcé du président de la fédération espagnole de football, Luis Rubiales, sur la joueuse Jenni Hermoso, le parquet espagnol ouvre ce lundi 28 août une enquête préliminaire pour « agression sexuelle » présumée.

Cette enquête porte sur « des faits qui pourraient être constitutifs d’un délit d’agression sexuelle », a indiqué, dans un communiqué, le parquet espagnol qui invite la joueuse à le contacter « dans un délai de 15 jours » afin d’être « informée de ses droits en tant que victime » et de « déposer plainte » si elle le souhaite.

Selon le parquet, une plainte de Jenni Hermoso est indispensable au lancement d’éventuelles poursuites à l’encontre du président de la RFEF, a précisé une porte-parole à l’AFP.

D’autres plaintes ont déjà été déposées contre Luis Rubiales, mais aucune n’émane de la joueuse.

Saisi par le gouvernement espagnol, le Tribunal administratif des sports (TAD) s’est réuni pour sa part ce lundi pour trancher sur la plainte de l’exécutif de gauche contre Luis Rubiales.

Si le TAD ouvre une procédure, le Conseil supérieur des sports (CSD), un organisme gouvernemental dont le président doit s’exprimer à 18h30, pourra alors suspendre le dirigeant le temps que l’affaire soit jugée sur le fond.

Âgé de 46 ans, Luis Rubiales a déjà été suspendu samedi par la Fifa « de toute activité liée au football au niveau national et international » pendant 90 jours.

La mère de Luis Rubiales en grève de la faim

L’affaire, déjà surnommée le « #MeToo du foot espagnol » et qui a éclipsé le sacre mondial de la « Roja » féminine, a entraîné une vague d’indignation en Espagne mais aussi à l’étranger.

Quelques minutes après la victoire espagnole en finale de la Coupe du monde face à l’Angleterre le 20 août, Luis Rubiales avait embrassé sur la bouche la joueuse Jenni Hermoso lors de la cérémonie de remise des médailles à Sydney.

Son refus, contre toute attente, de démissionner vendredi malgré d’intenses pressions, a choqué tout comme son discours violent contre un supposé « faux féminisme ». L’ancien défenseur martèle que ce baiser était « consenti ».

Une version catégoriquement démentie par la championne du monde qui a dit s’être sentie « vulnérable et victime d’une agression (...) sans aucun consentement de ma part ».

« Face à un baiser non consenti », qui peut constituer une agression sexuelle selon le Code pénal espagnol, « le gouvernement a l’obligation d’agir », a estimé ce lundi la ministre de l’Égalité, Irene Montero. « Il est très important que Rubiales ne reste pas en poste », a-t-elle ajouté.

La numéro trois du gouvernement, Yolanda Diaz, a elle annoncé le dépôt d’une autre plainte devant le CSD pour exiger que la fédération respecte la loi sur la parité femmes-hommes dans ses organes de direction, qui est une « clé contre le machisme structurel ».

Dénonçant le « harcèlement », dont serait victime Luis Rubiales, sa mère a elle entamé une grève de la faim dans une église de Motril, dans le sud de l’Espagne, a indiqué à la presse Vanessa Ruiz Bejar, une cousine du président de la fédération.

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