Baiser forcé : les 23 championnes du monde refusent de jouer pour l’Espagne sous la direction actuelle

Jenni Hermoso a répété que le baiser avec le président de la fédération, Luis Rubiales, n’était pas consenti.

Alexia Putellas (à gauche) et Jennifer Hermoso (à droite) célèbrant leur victoire finale en Coupe du monde, à Sydney, le 20 août 2023.

FOOTBALL - Coup de tonnerre en Espagne, où l’affaire Rubiales prend chaque jour un peu plus d’ampleur. Les 23 joueuses de l’équipe nationale d’Espagne, sacrée championne du monde dimanche en Australie, ont annoncé ce vendredi 25 août qu’elles refusaient de rejouer pour la sélection sous la direction actuelle de la fédération, menée par Luis Rubiales, au cœur de l’affaire du baiser forcé.

« Après tout ce qui est arrivé lors de la remise des médailles du Mondial féminin, toutes les joueuses signataires du présent texte n’honoreront pas une prochaine convocation si les dirigeants actuels sont maintenus », ont écrit les championnes du monde dans un communiqué diffusé sur Twitter (rebaptisé depuis X) par le syndicat Futpro, qui défend notamment les intérêts de Jenni Hermoso, embrassée de force par le président de la fédération Luis Rubiales.

Dans le même communiqué, Jenni Hermoso a indiqué qu’elle n’avait « à aucun moment consenti à ce baiser » : « Je ne tolère pas qu’on mette en doute ma parole et encore moins que l’on invente des propos que je n’ai pas dits ».

« Je me suis sentie vulnérable et victime d’une agression, d’un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de ma part », a ajouté la joueuse dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux.

De quoi démonter totalement la défense de Luis Rubiales, qui a refusé de démissionner de son poste quelques heures plus tôt devant l’assemblée générale extraordinaire de la Fédération royale espagnole de football (RFEF) réunie près de Madrid.

En poste depuis 2018, l’ancien défenseur s’est lancé dans une contre-attaque, affirmant que le baiser était, selon lui, « réciproque » et « consenti » et qu’il avait obtenu la permission de le faire, tout en fustigeant le « faux féminisme ».

Père de trois filles, Luis Rubiales a en revanche demandé « pardon à la reine » Letizia pour son geste sur le balcon du stade de Sydney, lorsqu’il avait empoigné ses parties génitales, alors qu’il se trouvait à moins de deux mètres d’elle.

« #SeAcabo »

« Ce que nous avons vu aujourd’hui à l’Assemblée de la fédération est inacceptable (...). C’en est fini de l’impunité des actes machistes. Rubiales ne peut rester à son poste », a réagi immédiatement Maria Díaz sur Twitter, exigeant des « mesures urgentes » du gouvernement.

Depuis cette annonce fracassante, de nombreuses voix s’élèvent pour condamner l’attitude de Luis Rubiales, à l’instar de la footballeuse du FC Barcelone Alexia Putellas, double Ballon d’Or. « C’est inacceptable. Finissons-en. Je suis avec toi chère Jenni Hermoso », a-t-elle déclaré sur Twitter.

D’autres joueuses espagnoles sont sorties du silence, dénonçant un comportement « intolérable » et apportant leur soutien à Hermoso, tandis que le hashtag « #SeAcabo » (C’est terminé) commençait à émerger sur les réseaux. « Par respect pour le football. Ça suffit ! Il est temps que ça change pour de bon », a écrit sur Twitter la ligue de football professionnelle féminine.

Pour sa part, l’ancien gardien du Real Madrid et de la « Roja » Iker Casillas a parlé de « honte totale » à propos de Rubiales tandis que l’attaquant du Betis Borja Iglesias a annoncé qu’il ne porterait plus le maillot de l’équipe nationale.

Même certains clubs se sont indignés, comme l’Espanyol Barcelone qui a dit attendre « des mesures » de la part de la fédération ou encore le Séville FC qui estime « ne pas se sentir représenté » par le patron du foot espagnol et demande sa démission.

Le Barça, ancien club d’Hermoso, a lancé une condamnation en demi-teinte, déplorant des « faits regrettables » et injustifiables. Le club catalan note cependant que « M. Rubiales lui-même a reconnu une erreur et s’en est excusé ».

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