Bad Bunny convoque Aznavour, Madonna et Al Pacino dans son album surprise

Benito Antonio Martínez Ocasio, plus connu sous le nom de Bad Bunny, est de retour. Le rappeur portoricain aux plus de 3 milliards de streams sur Spotify a publié vendredi, par surprise, son cinquième album, Nadie sabe lo que va a pasar mañana (personne ne sait ce qui se passera demain). Un album composé de 22 titres, qui mêlent des influences trap latino et reggaeton chères au musicien, mais aussi la musique de Charles Aznavour et de Madonna.

Ainsi, Monaco, le deuxième morceau de l'album ouvre-t-il sur l'introduction de Hier Encore, la chanson mondialement connue d'Aznavour. Ce n'est pas la première fois que le musicien français fait les délices des rappeurs. Dr Dre s'est ainsi déjà emparé en 1999 de Parce que tu crois, pour le tube What's the difference.

"Hier encore" et "Vogue"

Monaco, dont Bad Bunny avait dévoilé un court extrait sur son compte Instagram pour annoncer cet album à ses plus de 46 millions d'abonnés, se déroule dans une ambiance digne du Parrain. On y retrouve d'ailleurs Al Pacino, et Bad Bunny s'y fait appeler "Don Benito", clin d'œil à Don Corleone.

Le rappeur portoricain a également samplé dans la chanson Vou 787, Vogue, l'un des morceaux les plus cultes de Madonna, sorti en 1990, que Beyoncé a également mêlé à son tube Break my soul (The queens remix) en 2022.

Champion du streaming

Et si Bad Bunny peut s'offrir le luxe de sortir un album sans l'avoir annoncé, à la manière d'une Beyoncé, c'est qu'il est depuis 2020 l'artiste le plus écouté au monde sur Spotify. Il a ainsi détrôné Ed Sheeran, Drake ou Post Malone. Des audiences qu'il doit notamment à son large public en Amérique latine et dans les pays hispanophones.

Son dernier album, Un verano sin ti sorti en mai 2022, a ainsi connu un vif succès en Espagne, où il a occupé la tête des charts pendant 23 semaines, mais aussi au Mexique où il a vendu 840.000 albums. Il a glané au cours de sa carrière trois Grammy et neuf latin Grammy Awards.

Le rappeur, né dans à Porto Rico il y a 29 ans, d'un père chauffeur routier et d'une mère institutrice, a commencé dès l'âge de 14 ans à écrire de la musique, qu'il publie sur Soundcloud, à partir de 2013. Celui qui en 2016, emballait encore les courses des clients dans un supermarché est repéré par un label.

Il perce en 2018 à la faveur d'une collaboration avec Cardi B, et J Balvin sur le titre I like it, remix de I like it like that de 1966. Le morceau a été vu à ce jour 1,5 milliards de fois sur YouTube.

Bad Bunny a alors 24 ans, et déjà ce surnom qui lui vient de son enfance. "'Bad Bunny', ce nom vient d'une photo de mon enfance", a confié le rappeur à ENews en 2020. "Je pense que j'avais six ans. J'étais tellement en colère. C'était le jour de Pâques à l'école et le professeur m'avait choisi pour me déguiser".

Aux antipodes du macho latino

Avec ses rythmes trap et reggaeton, son flow mélodieux et ses punchlines percutantes, Bad Bunny a ainsi conquis le monde en l'espace de deux ans et de quatre albums, X100Pre en 2018,YHLQMDLG et El Último Tour Del Mundo en 2020 et Un verano sin ti en 2022.

"J'adore la façon dont il voit le terrain musical", s'extasiait en 2020 son manager Noah Assad dans les colonnes du Guardian: "Il voit des choses dans la musique que je ne comprends pas, et six mois ou un an avant tout le monde. Il aime les arts - il aime l'opéra! Ce type est vraiment unique".

"Je suis toujours le même type. Je suis authentique. Je ne veux pas être un personnage. Bad Bunny c'est Benito, il n'y a pas de différence. Et je pense que les gens peuvent se connecter avec ma musique", livrait-il à Trevor Noah dans le Daily Show, interrogé sur l'explication de son succès.

Contrairement à d'autres stars latino comme Ricky Martin ou Enrique Iglesias, Bad Bunny a réussi à percer sans être estampillé chanteur à minettes, sans chanter en anglais, et avec un label indépendant, notait le magazine Rolling Stones en 2020, le qualifiait de "super-star latino d'un nouveau genre, taillée sur mesure pour une génération d'auditeurs à l'esprit ouvert".

"Je veux que tout le monde se sente à l'aise avec ma musique, avec mes clips, dans mes concerts. J'essaie de créer un espace où tout le monde se sent bien", soulignait-il encore dans le Daily Show.

Aux antipodes du macho latino, Bad Bunny se dit sexuellement fluide, se vernit les ongles et n'hésite pas à se travestir dans le clip Yo perreo sola, (je twerke seule, en français) au message résolument féministe, et à rendre hommage à une femme trans portoricaine assassinée à Porto Rico.

"Cela ne me définit pas", souligne-t-il dans le LA Times évoquant sa sexualité. "En fin de compte, je ne sais pas si dans 20 ans j'aimerai un homme. On ne sait jamais dans la vie. Mais pour l'instant, je suis hétérosexuel et j'aime les femmes".

Fin 2022, à l'issue de deux tournées post pandémie, et un retentissant couac avec Ticketmaster et la circulation de faux tickets, l'artiste annonce une pause.

"2023 sera mon année, l'année de ma santé physique et de ma santé mentale, pour respirer", déclare-t-il à Billboard.

Bad Bunny, qui partage la vie de Kendall Jenner, s'offre alors une incursion dans le monde de la lutte, un sport qui le passionne depuis l'enfance et l'inspire dans sa musique, et monte sur le ring pour affronter le catcheur Damian Priest. On le croise aussi au casting du thriller déjanté Bullet Train, avec Brad Pitt.

Avec cet album surprise, Bad Bunny marque son retour à la musique. Et les fans sont au rendez-vous. La chanson Monaco, en ligne depuis vendredi sur YouTube, a déjà été vue plus de 4,5 millions de fois.

Article original publié sur BFMTV.com