Le bâillement, mystérieux gardien de la vigilance

Pourquoi bâille-t-on ? Certainement pas pour oxygéner le cerveau ou réguler sa température, comme on l'a longtemps cru. Selon les dernières études, ce comportement réflexe agirait plutôt comme un stimulateur permettant de se reconnecter à notre environnement.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°908, daté octobre 2022.

Universel, reproductible et à ce jour presque totalement incompris. Voilà une description du bâillement en 2022. Pourtant ce n'est pas faute de l'étudier scientifiquement. La question passionne nombre de chercheurs qui s'interrogent toujours sur la fonction de ce comportement stéréotypé d'allure réflexe. Ce sont des scientifiques néerlandais qui, en 1982, ont établi qu'il apparaissait chez l'humain dès la 12e semaine de vie in utero, le moment de l'existence où l'on bâille le plus. Mais l'humain n'est pas le seul concerné : cette action quotidienne et universelle s'observe chez tous les vertébrés, excepté chez la girafe.

Et d'un point de vue physiologique ?

La théorie la plus consensuelle aujourd'hui dans la communauté des neuroscientifiques, biologistes et éthologues sur la fonction du bâillement est la stimulation de la vigilance. Andrew Gallup, biologiste de l'évolution de l'Institut polytechnique de l'Université de New York (États-Unis), s'appuie sur d'autres données issues de la recherche animale. Dans un travail publié en juin dans la revue Behavioural Brain Research, il défend l'idée que chez les animaux évoluant en groupe, le bâillement servirait à les prévenir qu'un des leurs est fatigué et qu'ils doivent donc redoubler de vigilance pour se protéger des prédateurs. Un signal d'alerte pour le moins efficace dont la "contagion", ou plutôt la particularité d'être facilement reproduit, remonte aux observations du célèbre neurologue Jean-Martin Charcot en 1889, popularisées depuis par l'adage selon lequel "un bon bâilleur en fait bâiller sept ".

Mais qu'est-ce que le bâillement d'un point de vue physiologique ? Tout commence par une inspiration lente, qui se poursuit par un bref arrêt des flux d'air et s'achève par une expiration passive associée à un étirement de très nombreux muscles du corps, plus d'une cinquantaine (respiratoires, de la face, du cou…). Auxquels s'a[...]

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