Avant un probable remaniement, les ministres contestataires de l’aile gauche défendent leur place

Avant un probable remaniement, les ministres contestataires de l’aile gauche défendent leur place (photo de Lescure, Beaune et Borne prise au Bourget en juin 2023)
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Avant un probable remaniement, les ministres contestataires de l’aile gauche défendent leur place (photo de Lescure, Beaune et Borne prise au Bourget en juin 2023)

POLITIQUE - Après les menaces, les manœuvres. Alors que les rumeurs de remaniement continuent de s’épaissir en ce début d’année 2024, plusieurs ministres présentés comme tenants de l’aile gauche du camp présidentiel investissent les médias pour défendre leur place au gouvernement.

La position de cette poignée de contestataires est particulièrement scrutée depuis qu’ils ont fait entendre leurs états d'âme sur la très droitière loi immigration mi-décembre. Parmi les ministres heurtés par ce texte qui avalise les marottes de la droite dure, seul Aurélien Rousseau, à la Santé, a franchi le pas en présentant sa démission le 19 décembre, en guise de sentence irrévocable.

Trois semaines plus tard, et alors que le président de la République pourrait être tenté de renouveler son équipe pour lancer une nouvelle étape de son second quinquennat, les autres se voient bien rester.

« Remonter sur le ring »

Dans un entretien publié par Le Parisien ce jeudi 4 janvier, Clément Beaune, l’un des membres du gouvernement qui met volontiers en avant son profil social et humaniste, indique avoir « encore des combats à mener », notamment sur la fin de vie ou la loi immigration. Il espère que seront revues « la mesure sur l’Aide personnalisée au logement (APL) » ou la caution demandée aux étudiants étrangers à l’université.

« Est-ce que je pense qu’après avoir beaucoup échangé avec la Première ministre, on a fait évoluer le texte dans la bonne direction ? Oui. Est-ce que c’est terminé ? Non, il y a encore des combats à mener. Est-ce que je veux y participer ? Oui », affirme sans ambages le ministre des transports, jadis encarté au Parti socialiste.

Clément Beaune, qui avait organisé un dîner avec d’autres ministres en désaccord sur le texte le soir du vote, admet malgré tout qu’il y a « des sensibilités, des histoires différentes et des débats compliqués » au sein du camp présidentiel. « Mais après un combat difficile », précise-t-il, « mon tempérament c’est de remonter sur le ring. J’ai envie de remonter sur le ring. » Et si les choses n’étaient pas assez claires sur son intention de rester ministre, l’ancien conseiller du président (entre 2017 et 2020) se dit « heureux de servir » tant qu’Emmanuel Macron fait appel à lui. Message reçu ?

Dans un autre registre, son collègue Roland Lescure - membre lui aussi du petit groupe de simili-frondeurs avec Patrice Vergriete (logement) et Rima Abdul Malak (culture) - s’est livré à une opération quelque peu similaire ce jeudi matin dans la matinale de France Inter.

Les frondeurs en sursis ?

Si le ministre de l’Industrie admet avoir « eu des questions sur le texte lui-même, dès la fin de la CMP », et avoir été reçu rapidement par les deux têtes de l’exécutif pour en parler, il fait valoir que le président de la République aussi a fait montre de « ses doutes » en s’exprimant sur France 5 au lendemain du vote, et en saisissant le Conseil constitutionnel. Donc « le travail continue », selon ses mots. Un travail qu’il « adore » a-t-il pris soin de souligner, dans un moment « exceptionnel. »

Mais cela suffira-t-il ? Le sort de ces ministres est l’un des points sensibles de ce potentiel remaniement. Pour Emmanuel Macron, l’enjeu se résume ainsi : peut-il mettre au ban ces personnalités qui n’ont pas hésité à faire lever un vent de fronde inédit dans son équipe gouvernementale ? Ceci, sans mettre à mal les dernières incarnations d’un « en même temps » toujours plus fragile ?

Selon le récit de plusieurs médias, le président de la République est agacé par l’attitude de ces ministres qui ont soulevé l’idée d’une démission si le texte sulfureux était adopté - sans le faire vraiment. Il l’aurait confié aux journalistes présents lors de son déplacement en Jordanie le 21 décembre pour une fête de Noël anticipée avec les militaires. Une chose semble sûre, ils n’auront pas de cadeaux.

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