Avant le « Envoyé spécial » sur Gérard Miller, le point sur les accusations d’agression sexuelle qui pèsent contre lui

Gérard Miller, ici en avril 2017, à Paris.
Xavier Laine / Getty Images Gérard Miller, ici en avril 2017, à Paris.

VIOLENCES SEXUELLES - Depuis un mois, plusieurs femmes accusent Gérard Miller de viols ou agressions sexuelles. Allure théâtrale et engagement à la gauche de la gauche après une jeunesse maoïste, le psychanalyste star des plateaux télé depuis 25 ans fait l’objet, ce jeudi 29 février, d’une enquête d’Envoyé Spécial, à voir sur France 2 à partir de 21 heures.

Le contenu de ce numéro du magazine d’investigation n’a pas été accessible en amont, mais l’AFP, qui l’a vu, explique que des collaborateurs de l’émission de France 2 On a tout essayé, où Gérard Miller a exercé de 2000 à 2007, assurent qu’il « faisait son marché dans le public » en y abordant des jeunes femmes.

À France Inter dans les années 1990, « on le chambrait souvent pour sa façon de repérer des jeunes filles dans le public et d’aller les brancher pendant les pauses », a de son côté écrit son amie chroniqueuse de l’époque, la militante féministe Isabelle Alonso, dans le courant du mois de février sur son blog.

Plus d’une cinquantaine de témoignages

« Il avait la réputation d’avoir une appétence marquée pour les jeunes femmes, mais aucune histoire sordide ne courait sur lui », raconte à l’AFP un journaliste qui l’a côtoyé au sein du Média et se dit « stupéfait » par les accusations.

Après trois premiers témoignages publiés fin janvier dans le magazine ELLE, le psychanalyste de 75 ans est mis en cause par une cinquantaine de femmes, souvent bien plus jeunes que lui (et pour certaines alors mineures), pour des faits allant du comportement déplacé au viol.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, le 23 février, après le dépôt d’une troisième plainte par une femme âgée de 17 ans à l’époque des faits présumés. BFMTV a dévoilé son témoignage, ce jeudi. « Je ne sais pas comment je suis rentrée chez moi, je ne sais pas ce qu’il s’est passé après l’acte », déclare la dénommée Aude, qui pendant des années aurait souffert d’amnésie. La première enquête du ELLE sur Gérard Miller aurait réactivé sa mémoire.

Des séances d’hypnose décriées

D’après Mediapart, le rituel décrit par l’ensemble des femmes est souvent le même et couvre une période de plus de vingt ans (entre 1995 et 2016). À chaque fois, Gérard Miller les aurait invitées chez lui sous couvert d’« expériences d’hypnose » ou de « détente ». Cela se serait souvent produit après les avoir abordées dans le public des émissions de Laurent Ruquier et Michel Drucker pour lesquels il était chroniqueur.

Certaines victimes présumées disent avoir été agressées sexuellement par le psychanalyste à son domicile. D’autres, s’être précipitamment enfuies de chez l’ex-chroniqueur télé après s’être senties en danger.

Dans ELLE, qui a publié une série de nouveaux témoignages en l’espace de plusieurs semaines, certaines accusatrices assurent qu’il a utilisé l’hypnose pour les agresser dans son hôtel particulier parisien.

Ce dont a témoigné à l’antenne de C l’hebdo l’animatrice de radio Muriel Cousin, ce mois-ci. « Je me suis allongée par terre, il s’est mis à côté de moi, et il a commencé à me toucher les seins, à mettre sa main dans mon pantalon, sur mon sexe », se souvient la journaliste. Elle avait 23 ans et le psychanalyste de 42 ans cherchait des cobayes pour un article sur l’hypnose.

La réponse de Gérard Miller

Après la parution des premiers témoignages, Gérard Miller, désormais âgé de 75 ans, avait publié une lettre sur X. « Avec toutes les femmes, j’ai la conviction de n’avoir contraint personne, prenant au pied de la lettre tout embarras, tout refus, et ce tout particulièrement quand je m’engageais sur le chemin de la séduction », avait-il soutenu.

Il réfutait également avoir pratiqué l’hypnose à son cabinet ou à son domicile, mais toujours en public. Les séances dans un cadre privé relevaient de « tests élémentaires » et « celui ou celle qui acceptait de s’y livrer n’était absolument pas hypnotisé, il restait parfaitement conscient, en totale possession de ses moyens », assurait Gérard Miller.

Sa mise en cause pour violences sexuelles est liée à celle du réalisateur Benoît Jacquot par l’actrice Judith Godrèche, qui était la compagne de ce dernier alors qu’elle n’avait que 14 ans. Les premières accusations contre le psy ont en effet éclaté après qu’a resurgi un documentaire qu’il avait réalisé en 2011 sur le cinéaste. Ce dernier lui confiait alors que « le cinéma était une sorte de couverture » pour des relations avec des mineures.

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