"Il y aura bientôt plein de personnes comme moi": le "patient de Genève" qui a guéri du VIH témoigne

"Il y aura bientôt plein de personnes comme moi": le "patient de Genève" qui a guéri du VIH témoigne

Le "patient de Genêve" a désormais un nom: Romuald. La sixième personne à avoir guéri du VIH est un Franco-Suisse de 54 ans. À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, il s'est exprimé auprès du Parisien et de la radio Suisse, RTS. Il rompt le silence sur cette "maladie taboue, honteuse, dont on ne parle pas".

Le point de départ de cette anomalie médicale: l'année 1990. À l’époque, Romuald avait 18 ans et vivait une carrière de mannequin. C'est lors d'une période de creux, de grosse fatigue, qu'il découvre sa séropositivité.

L'infection pouvait signifier la mort avant l'arrivée des traitements, mais il a rapidement pu profiter de ces produits. Il ne souffrait pas non plus d'effets secondaires désagréables. "Je voyais cela (la maladie, NDLR) un peu comme une cohabitation avec le virus. Moi, il ne m'embêtait pas, donc je ne le dérangeais pas", raconte-t-il.

Leucémie très rare

Après une vingtaine d'années de cohabitation, le patient de Genêve a fini par développer une autre maladie. Des boules sont apparues dans son coup. Une leucémie très rare s'était développée.

"À l'hôpital, dans un bureau sombre de 6m2, on m'a annoncé que sans traitement il me restait six mois à vivre", raconte-t-il au quotidien francilien.

Pour lutter, Romuald endure trois mois cloîtré en chambre stérile ainsi qu'une lourde radiothérapie et chimiothérapie. En fin de parcours, il lui est nécessaire d'avoir recours à une greffe de moelle osseuse. Or, les médecins le savaient, cinq patients avaient déjà guéri du VIH après des greffes similaires.

Des greffes qui avaient pour point commun des donneurs porteurs d'une mutation génétique protégeant du virus du Sida... Ce qui n'était pas le cas du donneur de Romuald. La déception a rapidement laissé place à la surprise. Le nombre de cellules du VIH a commencé à diminuer.

"Personne n'a compris comment c'est arrivé. Malgré le fait qu'il n'y ait pas cette mutation, ça a fonctionné. Et quand on m'a dit ça, c'était fabuleux. Il n'y a pas de mot pour le définir. J'y pense encore", témoigne le Franco-Suisse.

Espoirs

Après 30 années sous traitement, Romuald a pu cesser sa trithérapie. Un pas difficile à passer, tant il se sentait "protégé" par les médicaments qui lui ont permis de vivre avec la maladie.

Asier Zaez-Cirion, directeur de recherche à l'Institut Pasteur parle d'un patient "probablement guéri". Il est nécessaire de "vérifier chaque cellule", pour en être entièrement certain, ce qui est impossible.

Guéri de son cancer et probablement du VIH, le patient se tourne désormais vers les autres. Il compte travailler avec l'équipe de recherche, celle qui se penche sur l'anomalie du "patient de Genêve".

"Je ne serais pas là s'il y avait eu tous ces gens à mes côtés. À mon tour, je dois être là", confie-t-il à RTS.

Ces scientifiques étudient plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer comment s'est produit ce qui ressemble à un miracle. Une publication scientifique sur son cas sera publiée dans les prochains mois.

"Je suis, sans prétention aucune, la preuve vivante qu'il y a des choses qui se passent. Et je suis certain que bientôt, des personnes comme moi, il y en aura plein", témoigne-t-il, plein d'espoir, après avoir vaincu deux maladies souvent fatales.

Article original publié sur BFMTV.com