Pourquoi la rémission d'un sixième patient atteint de VIH porte plus d'espoir que les cinq précédentes

Pourquoi la rémission d'un sixième patient atteint de VIH porte plus d'espoir que les cinq précédentes

Une annonce porteuse d'espoir pour la communauté scientifique et toutes les personnes atteintes du VIH. Dans la nuit de mercredi à jeudi, en amont de la Conférence de la société internationale du Sida qui s'ouvrira dimanche en Australie, la rémission d'un sixième patient a été annoncée. Comme les cinq autres patients avant lui, il a reçu une greffe de moelle osseuse - présent dans les os, la moelle osseuse, très précieuse, sert à renouveler les cellules du sang.

"Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont remplacées intégralement par celles du donneur, ce qui permet de faire disparaître l’immense majorité des cellules infectées", expliquait en février le virologue Asier Saez-Cirio.

Mais cette fois, la greffe n'était pas comme les autres. Et là, résident tous les espoirs. Les cinq malades guéris avant lui étaient aussi atteints de cancers du sang. Pour combattre ces maladies, la greffe de moelle osseuse qu'ils ont reçue était composée de cellules souches présentant une mutation rare d'un gène dit CCR5 delta 32. Une mutation génétique connue pour empêcher l'entrée du VIH dans les cellules. Problème: moins de 1% de la population générale porte cette mutation protectrice, et toutes ne sont pas compatibles pour un don de moelle osseuse.

Des cellules souches non porteuses de la mutation

Dans le cadre du traitement d'une leucémie, le "patient de Genève" atteint du VIH depuis 1990, a quant à lui reçu en 2018 des cellules souches non porteuses de la mutation. Rien dans ces cellules n'était censé empêcher le VIH de se développer. Pourtant, depuis 20 mois, et l'arrêt progressif du traitement antirétroviral qui empêche au VIH de se multiplier, le virus est indétectable dans son organisme.

"Dans ce cas précis, peut-être que la greffe a permis d'éliminer toutes les cellules infectées sans besoin de la fameuse mutation", avance Asier Sáez-Cirión, responsable de l'unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l'Institut Pasteur.

"Ou peut-être que son traitement immunosuppresseur, nécessaire après la greffe, a joué un rôle", ajoute-t-il, tout en signalant que par le passé, ce type d'opération avait déjà eu lieu mais le virus était réapparu "au bout de quelques mois".

Et même s'ils parlent de rémission, les scientifiques précisent que le virus persiste peut-être encore dans l'organisme du malade.

Une opération complexe et risquée

À noter qu'une greffe de moelle osseuse est une opération complexe et risquée, que tous les porteurs du virus ne peuvent pas espérer. Les effets secondaires peuvent être graves, note la société canadienne du cancer. Le risque d'infection est élevé car le nombre de globules blancs, qui jouent un rôle clé dans la défense du système, est très bas après une greffe.

D'autres problèmes sont fréquents: problème de saignements, anémie, problèmes de peau, de poils et de cheveux... Les cellules souches du donneur peuvent également attaquer celles du receveur car elles les voient comme des étrangères, ce qui peut in fine causer des "dommages permanents à un organe".

Article original publié sur BFMTV.com