Au Soudan, l’évacuation des ressortissants français a débuté

Un convoi quitte le Soudan, le 23 avril 2023
Un convoi quitte le Soudan, le 23 avril 2023

INTERNATIONAL - Huit jours après le début du conflit au Soudan, l’évacuation périlleuse des ressortissants étrangers a débuté ce dimanche 23 avril. Grâce aux moyens déployés par la France, une centaine de personnes a déjà quitté le pays, ont indiqué les ministères des Affaires étrangères et des Armées.

Dans le cadre de cette « opération rapide d’évacuation » appelée « Sagittaire », un premier avion a déjà quitté Khartoum et a atteint Djibouti vers 18 heures, a indiqué la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. Un second est « en route », précise la ministre. Chaque avion transporte environ cent personnes à leur bord.

Des ressortissants européens et venant de « pays partenaires alliés » sont également pris en charge, avaient indiqué les autorités françaises dans la matinée. L’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni, la Belgique, le Niger, le Maroc, l’Égypte, ou encore l’Éthiopie sont concernés. Dans les premiers convois, des Néerlandais étaient présents.

Selon les sources interrogées par l’AFP, l’évacuation française pourrait durer encore un ou deux jours. Les États-Unis, de la Suède, la Grèce, l’Inde ou encore de l’Allemagne ont également lancé des opérations de rapatriement similaires. Selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, plus de 1.000 ressortissants de l’UE avaient été évacués ce lundi matin.

L’ambassade de France va fermer

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Anne-Claire Legendre a indiqué sur Franceinfo ce dimanche matin que 250 Français vivaient au Soudan. « Notre objectif est d’être les plus rapides possible » pour les rapatrier, a-t-elle expliqué.

Toutefois, a-t-elle ajouté, une partie d’entre eux ne veut pas partir, notamment pour raisons familiales. Toujours au micro de Franceinfo, Anne-Claire Legendre a encore indiqué que l’ambassade de France dans le pays devrait fermer « dans les heures à venir ».

« Nous avons ouvert une cellule de crise pour entrer en contact avec chacun de nos compatriotes, les localiser, savoir quelle est leur situation. Et puis la décision d’évacuation a été prise par le président d ela République. C’est une opération qui est complexe », a par ailleurs expliqué ce dimanche Catherine Colonna dans le journal télévisé de France 2.

Une situation encore tendue

À l’AFP, les sources ministérielles ont ajouté que l’opération d’évacuation était « extrêmement complexe » dans ce conflit qui oppose deux généraux au pouvoir depuis leur putsch de 2021 contre l’ancien président Omar el-Bechir, et qui se sont lancés dans une guerre sans merci. En effet, a abondé sur LCI Anthony Couzian-Marchand, dont la société participe à l’évacuation des ressortissants français, la situation reste « assez tendue sur le terrain ».

Dès le 18 avril, des avions sont arrivés à Djibouti avec le matériel et les véhicules nécessaires, précise-t-il à BFMTV. « La fête de l’Aïd et le cessez-le-feu permettent de limiter le risque de l’opération », ajoute-t-il. 150 militaires sont déployés, a précisé l’État-major des armées à l’AFP.

Les deux camps - les forces armées soudanaises d’Abdel Fattah al-Burhan d’un côté et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo de l’autre - ont bien « apporté des garanties de sécurité » pour le déroulement de l’évacuation, mais « la trêve est partiellement respectée », explique-t-il.

Cependant, poursuit l’expert en sécurité sur LCI, « on est sur une situation volatile, tendue, et pas seulement dans le centre de Khartoum (la capitale du pays, ndlr). Dans d’autres zones périphériques de la capitale, et d’autres villes du Soudan, comme Port-Soudan ».

Au moins 420 morts en une semaine

« Il y a une accalmie. Mais il y a encore des affrontements. Donc cela suppose un temps de planification. Ensuite, un regroupement de nos compatriotes et ensuite, enfin, une évacuation, qui est en cours, qui a commencé », a précisé à France 2 Catherine Colonna.

Preuve de la fragilité de la situation, les armées accusent chacune le camp adverse d’empêcher les évacuations des diplomates, et d’avoir blessé un Français présent dans un convoi, comme le rapporte le New York Times. Les sources diplomatique et militaire ont déclaré ne pas « souhaiter commenter ce genre de rumeurs » alors que « l’opération n’est pas terminée ». « On ne l’aurait pas faite si on n’avait pas eu des garanties de sécurité de la part des belligérants, qui ont été réitérées et réitérées », ont-elles affirmé.

Des tirs et des explosions ont encore secoué dimanche la capitale et ses banlieues, survolées par des avions de combat, selon des témoins. Les violences, qui ont principalement lieu à Khartoum et au Darfour, dans l’ouest du Soudan, ont fait selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3 700 blessés.

Elles ont déplacé des dizaines de milliers de personnes vers d’autres États du Soudan, ou vers le Tchad et l’Égypte voisins, tandis que plusieurs pays se mobilisent pour évacuer leurs ressortissants. Dans la capitale, les cinq millions d’habitants craignent un regain de violence après le départ des étrangers.

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