Au Royaume-Uni, le nombre d’insectes volants s’est effondré de 64 % depuis 2004, et c’est alarmant

Un papillon Monarque se pose sur une fleur au jardin communautaire de Rinconada le 03 novembre 2021 à Palo Alto, Californie. D’importantes populations de papillons monarques sont observées en train de se reproduire pour la première fois dans la péninsule urbaine de la baie de San Francisco.   Justin Sullivan/Getty Images/AFP (Photo par JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

BIODIVERSITE - Une diminution « potentiellement catastrophique ». Une vaste étude annuelle a révélé ce jeudi 15 décembre que le nombre d’insectes qui se sont écrasés sur les plaques d’immatriculation des véhicules britanniques a chuté de 5 % entre 2021 et 2022. La contraction à long terme atteint 64 % en moins de vingt ans. Les chercheurs réclament des mesures « décisives » lors de la COP 15 de Montréal.

La méthodologie du rapport Bugs Matter, produit par Kent Wildlife Trust et Buglife, est pour le moins surprenante. Chaque été, des « citoyens scientifiques » enregistrent sur une application le nombre d’éclaboussures d’insectes sur leurs plaques d’immatriculation après un trajet, rapporte le média britannique The Guardian.

Le « syndrome du pare-brise »

Le « syndrome du pare-brise » est constaté depuis plusieurs années par les scientifiques. Au début des années 2000, les plaques d’immatriculation ou les vitres des voitures étaient encore constellées d’impacts d’insectes lors des longs trajets, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

L’étude permet depuis 2004 aux chercheurs de « comprendre les populations locales d’insectes et de savoir comment les protéger contre de nouvelles pertes de population ». Cette année, elle a révélé des déclins d’insectes volants de 2021 à 2022 en Angleterre, en Irlande du Nord et au Pays de Galles, mais l’été 2020 semble avoir été meilleur pour ceux d’Écosse. Le déclin depuis 2004 en Écosse était de 48,5 % en 2021, mais de seulement 40,3 % en 2022.

Pour optimiser davantage la récupération des données, l’équipe du rapport a expliqué qu’à partir de 2023, l’application sera implémentée d’une fonction capable de détecter automatiquement le nombre d’insectes sur la plaque d’immatriculation.

40 % des insectes sont en déclin au niveau mondial

Cette enquête est une étude européenne de plus attestant du déclin majeur de ces insectes, essentiels des écosystèmes. La perte de ces insectes met en péril la pollinisation des plantes et des cultures, et donc la chaîne alimentaire.

Comme l’a rappelé Philippe Grandcolas, écologue et directeur adjoint scientifique de l’Institut écologie environnement du CNRS sur Radio Classique, les oiseaux en sont les premières victimes : « Presque toutes les espèces d’oiseaux nourrissent leurs petits avec des insectes. Si les insectes disparaissent, les oisillons ne pourront plus être nourris ».

« Nous attendons de nos dirigeants à la COP 15 qu’ils prennent des mesures décisives pour restaurer la nature à grande échelle - tant pour la faune que pour la santé et le bien-être des générations futures » , a déclaré Andrew Whitehouse de Buglife. Les experts appellent en effet à un sursaut alors que la COP 15 de la biodiversité à Montréal patine. En 40 ans, nous avons perdu 60 % des animaux sauvages sur la terre et 40 % des insectes sont en déclin au niveau mondial.

Par ailleurs, environ 75 % de la surface terrestre est altérée de manière significative, un chiffre qui inclut les forêts défrichées et les écosystèmes convertis en terres cultivées. Tel est le constat de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l’équivalent des experts climat du Giec pour la biodiversité. Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur la planète, un million est menacé d’extinction, selon l’IPBES.

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