Au procès de Monique Olivier, la mère d’Estelle Mouzin s’adresse au « témoin et bourreau » de sa fille

Face à la famille d’Estelle Mouzin, Monique Olivier a reconnu être un monstre mais a été incapable de répondres aux nombreuses questions sans réponses de la famille.
BENOIT PEYRUCQ / AFP Face à la famille d’Estelle Mouzin, Monique Olivier a reconnu être un monstre mais a été incapable de répondres aux nombreuses questions sans réponses de la famille.

JUSTICE - « La mort d’Estelle m’a traumatisée à tout jamais ». Voilà certains des mots prononcés par Suzanne Mouzin, ce mercredi 6 décembre, jour de témoignage pour de nombreux proches d’Estelle Mouzin devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Et c’est avec des mots très forts que les proches de la jeune fille tuée par le tueur en série Michel Fourniret en 2003 se sont exprimés face à son ex-femme Monique Olivier, jugée pour complicité dans les enlèvements et meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin.

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Via une lettre de la grande sœur d’Estelle Mouzin lue par l’avocat des parties civiles, Me Didier Seban, cette dernière s’est adressée à Monique Olivier : « Vous nous avez arraché Estelle, et par votre silence, vous nous empêchez de retrouver son corps. Elle est toujours seule, enterrée dans la forêt, dans le noir ».

Dans sa lettre qui a ému la salle, elle a décrit « le monde qui s’arrête » et, comme tous les autres membres de sa famille, interpelle Monique Olivier en lui demandant de révéler l’emplacement du corps de sa petite sœur.

Puis c’est au tour d’Éric Mouzin, son père. « Cela fait 7 636 jours qu’Estelle a disparu. Je voudrais dire que je n’ai aucun esprit de vengeance », a sobrement déclaré l’homme à la barre. « Je note chez l’accusée une absence de remords. Je n’ai pas entendu de déclaration franche, profonde et sincère » de sa part, a-t-il tenu à ajouter avant une première suspension de séance.

Après Éric, c’est donc Suzanne qui s’est exprimé sur la disparition de sa fille, décrite comme une « enfant facile, toujours de bonne humeur, souriante et très intéressée par le monde ».

« Notre fille Estelle, une enfant innocente, sa plus jeune victime, a souffert le martyre pendant au moins 24 voire 48 heures, toute seule effrayée. Monique Olivier a été le témoin et son bourreau en même temps », a ajouté par visioconférence la mère endeuillée, malgré sa voix brisée par l’émotion.

Le témoignage émouvant de la mère d’Estelle

Par la suite, la première mère de victime à témoigner lors de ce procès a souhaité s’adresser directement à l’accusée. « Pourquoi avez-vous gardé le silence pendant si longtemps ? Notre attente aurait pu ainsi être écourtée et Michel Fourniret aurait pu être jugé », a-t-elle lancé à Monique Olivier. « Qui êtes-vous pour avoir commis ces actes abominables ? », a-t-elle ajouté.

Elle n’a pas voulu assister au procès, « traumatisée ». Après « deux années d’enfer », elle avait quitté la France, ne supportant plus la pression médiatique, la vue du visage d’Estelle sur des affiches collées dans tout le pays, ni « le regard des autres », pourtant « bienveillant » mais qui la ramenait « sans cesse à l’horreur ».

Elle raconte la culpabilité qui la ronge d’avoir laissé Estelle rentrer seule de l’école. « Une faute que je vais me reprocher jusqu’à la fin de ma vie », dit-elle. Un témoignage poignant qu’elle avait d’ailleurs hésité à prononcer avant de se raviser pour pouvoir « témoigner de la personnalité d’Estelle et de ce qu’impliquait sa disparition pour » elle. Et ses mots n’ont pas laissé son interlocutrice indifférente.

« Je suis monstrueuse »

Invitée à répondre, Monique Olivier a déclaré : « D’abord je tiens à demander pardon aux familles bien que ce ne soit impardonnable (...) tout à l’heure on a dit que je n’avais montré aucun sentiment, que j’étais froide et pourtant c’est faux. Je sais que je ne pleure pas, pourtant j’exprime beaucoup de regrets de ce qui a été fait ».

Tout en « regrettant » les crimes pour lesquelles elle est jugée, Monique Olivier s’est elle-même décrite comme « monstrueuse ». Mais à la question « où est Estelle ? », posée par Me Didier Seban, Monique Olivier a une nouvelle fois botté en touche.

« Je ne sais pas, si je le savais je le dirai, pourquoi je ne le dirai pas si je le savais. J’aimerais qu’Estelle puisse reposer en paix et que sa famille puisse se recueillir devant sa tombe, mais je ne sais pas ».

Après cette question, la séance a été suspendue après une ultime relance de l’avocat pour replacer Monique Olivier face aux faits qu’elle a elle-même décrit : « Je ne sais pas où il l’a enterrée. Je ne fais pas exprès, ce n’est pas par méchanceté, cruauté mais je ne sais pas où est le corps d’Estelle », a-t-elle répété. « Et pourtant, vous étiez là », lui a rétorqué Me Seban.

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